Bienvenue sur ce site de podcasts “ Une psychanalyse à fleur d’inconscient”. Aujourd’hui je vais vous parler d’un minuscule petit livre, il mesure à peine une dizaine de centimètres, mais il n’a vraiment pas besoin d’ếtre plus grand puisque son texte ne contient tout au plus que quatre cinq phrases. Ce livre a été écrit par Jacques Roubaud. C’est à la fois un poète et un mathématicien. Ce livre a été présenté sous un titre que je ne connaissais pas celui de biographie en oblique et il avait pour titre “ Ma vie avec le docteur Lacan”. Je ne pouvais donc que me sentir concernée par cette vie-là ! Cette biographie est donc rédigée comme un compte-rendu, quelques notes jetées sur une page. Jacques Roubaud y note par exemple la similitude des prénoms entre sa fille et celle de Sylvia Bataille. Toutes deux s’appelaient en effet Laurence, mais surtout il y évoque plus que très brièvement, avec une grande sobriété, trois rencontres avec Lacan survenues à plusieurs années d’intervalle. En lisant cette biographie d’à peine quelques pages avec ce titre “ ma vie avec le docteur Lacan” on ne peut que penser à tous les analysants de Lacan écrivant ces autobiographies en oblique, en transversales, au travers de leur psychanalyse sous ce titre générique “ Ma vie avec le psychanalyste Jacques Lacan”. quelques-unes de ces autobiographies sont connues. Une de celle que je préfère, pour ma part, est celle écrite par Gérard Haddad qui a pour titre “ Le jour où Lacan m’a adopté”. D’abord bien que non analysé, le simple contenu manifeste de son rêve est bien intéressant au sens propre de ce terme. Lacan y prononçait cette phrase décisive “ Vous êtes mon fils adoptif”. Comme Gérard Haddad ne nous livre pas ce qu’il en est de son interprétation, nous ne pouvons en dire plus sur ce beau rêve, si ce n’est quand même évoquer les effets de transfert qu’il provoque en nous. Donc pour ma part, j’ai pensé à cet autre fils adoptif bien connu de la littérature latine qu’est Brutus et à la célèbre phrase de César, prononcée au moment de mourir sous les coups de ceux qui le trahissent : “ Tu quoque, me fili”, toi aussi mon fils !” Quoi qu'il en soit, pour ne pas m’avancer plus sur ce chemin, cet ouvrage est en effet un bel hommage à la psychanalyse elle-même et à tous ses modestes ouvriers, aussi bien analysants que psychanalystes. Cet hommage aux analysants, en la personne de Gérard Haddad, n’est que justice parce qu’après tout, comme l’indiquait Lacan, c’est quand même l’analysant qui est à la tâche, la tâche de sa propre analyse. Il en est co-esponsable et y compris dans le choix de son psychanalyste. A propos de ces biographies en oblique, j’avoue que grâce à elles j’ai ainsi pris la tangente avec le sujet de ce podcast. En effet ce qui peut aussi les définir grâce à ce qualificatif d’oblique (on pourrait dire aussi de traviole) c’est le fait qu’elles peuvent servir de prétexte à une autobiographie de l’auteur. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ ) Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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8:41
Avec l'Homme aux rats et l'Homme aux loups, Etudes sur la névrose obsessionnelle ( Podcast n°51)
C’est en 1907 que Freud fit ses premières armes dans cette guerre sans merci que se livre l’obsessionnel. Avec l’Homme aux rats, il avait réussi à pénétrer au cœur des combats de cette névrose. Tandis que la bataille faisait rage, faisant alliance avec son patient, prenant sa défense, il l’a aidé à lutter contre son grand délire obsessionnel, sa grande obsession des rats.Après le temps des “Études sur l’hystérie” qui ont présidé à la naissance de la psychanalyse, vient maintenant le temps des études sur la névrose obsessionnelle.Dans les minutes de la société psychanalytique de Vienne dans la séance du 30 octobre 1907, on apprend que Freud a fait une conférence dont le titre était "Commencement d’une histoire de malade". D’après ce qu’en écrit Rank dans son compte rendu, il s’agit d’un cas très instructif de névrose obsessionnelle, celui d’un jeune homme de 29 ans, juriste. Il a peur qu’il arrive quelque chose de terrible à deux personnes qu’il aime beaucoup : son père et la dame qu’il vénère.Freud a eu beaucoup de mal à déchiffrer cet écheveau très compliqué autour de cette dette à payer coûte que coûte, faute de quoi son père et sa dame devraient subir ce supplice des rats, mais dès cette époque il avait quand même appris beaucoup de choses concernant la structure d’une névrose obsessionnelle.Dans l’approche de cette forme de névrose, dans les années 1914,1915 Freud décrit un autre cas de névrose obsessionnelle qui peut échapper à l’attention des lecteurs, c’est celui de l’Homme aux loups. Il le présente comme tel dans les premières pages de son texte en contestant le diagnostic des psychiatres qui avaient toujours indiqué qu’il souffrait d’une psychose maniaco-dépressive. Freud indique en effet qu’arrivé à l'âge adulte, l’homme aux loups souffrait d’une névrose obsessionnelle spontanément guérie mais ayant laissé des séquelles.Ce n’est qu’après les années 1920 avec son “Au-delà du principe du plaisir” que Freud effectue un nouveau déchiffrage de la structure d'une névrose obsessionnelle avec ce qu'il appelle "la désintrication des pulsions de vie et de mort". C'est ainsi qu'il décrit les effets dévastateurs de la pulsion de mort lorsqu'elle est à l'œuvre dans la vie de l'obsessionnel sous la forme de la pulsion de destruction ainsi que le rôle impitoyable qu’y joue le Surmoi quand il retourne toute l'agressivité qu’il éprouve envers son rival contre lui-même.Cette dernière approche de Freud permet, je trouve, de relire beaucoup plus facilement tout ce que Lacan a avancé de la névrose obsessionnelle avec l’aide du graphe de désir dans le séminaire des Formations de l’inconscient, lorsqu’il oppose au désir insatisfait de l’hystérique, le désir impossible de l'obsessionnel. Mais ceci exigerait bien d’autres développements. ce sera pour une autre fois. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ ) Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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10:32
D'énigmes en quiproquos et quolibets, le style de Lacan ( Podcast n°50)
Lacan, en ce temps des premiers séminaires, s’exprimait dans un langage audible par tous et je me suis souvent demandé ce qui avait pu infléchir à ce point son style, au cours des années, quels transferts avaient ainsi modifié son mode d’adresse à ses auditeurs.Pourquoi aurait-il éprouvé le besoin de devenir de plus en plus hermétique, était-ce survenu en raison et à la mesure de son succès dans les milieux intellectuels français ou bien était-ce plutôt lié son effort de rendre la psychanalyse transmissible par une sorte de mathématisation qui l’aurait nécessité ? Quoiqu’il en soit, il est frappant c’est de constater à quel point dans ces premiers séminaires, il tentait de faire passer son message à ses auditeurs, tandis que, au cours des dernières années, il faisait tout pour leur compliquer la tâche. Il ne parlait plus que par énigme et quiproquos. Comment, par exemple, déchiffrer cet aphorisme qu’il proposait dans son texte si difficile, si ardu, » L’étourdit » : « Une femme ne rejoint L’Homme que dans la psychose » ? Ou encore comment saisir la portée de ce qu’il énonçait dans son texte “Propos introductif à un congrès sur la sexualité féminine”, “ Si la position du sexe différe quant à l’objet c’est de toute la distance qu’il y a entre la forme fétichiste et la forme érotomaniaque de l’amour”. En associant ces deux formules lacaniennes à propos des femmes et de la psychose, et surtout en prenant appui sur la forme grammaticale que Freud avait donné du délire érotomaniaque : “ Non ce n’est pas elle, ma mère, que j’aime, mais c’est lui, parce qu’il m’aime” on peut rendre compte à la fois du changement d’objet nécessaire aux chemins empruntés par la féminité à savoir l’abandon de la mère comme objet d’amour pour pouvoir entrer dans l’Œdipe en nouant un lien au père et surtout un lien au phallus dont celui-ci est le détenteur, mais aussi de la sortie de l’Oedipe de la petite fille qui pour Freud était resté dans l’ombre, puisque pour lui, la fille se réfugie dans l’Oedipe comme dans un port : Pour lui, il n’est pas question qu’elle mette les voiles ! Or avec ces trois temps du délire érotomaniaque, dont le troisième, avec cette phase de dépit, on peut éclairer ce que Lacan a appelé, la versagung, la fondamentale déception de la fille à l’égard du père, de ne jamais lui avoir donné un enfant. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ ) Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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12:29
Quand les petites filles rêvent de la mort de leur mère (Podcast n° 49)
C’est un fait que dans le champ analytique le désir de la mort du père est largement pris en compte, admis, mais que par contre ce qu’il en est du désir de la mort de la mère éprouvé par la fille est en grande partie élidé, même si la la haine pour la mère qui permet à la fille de franchir l’étape de l’Oedipe est bien décrite et connue. Il trahissent pourtant ces rêves de mort le désir de la petite fille de remplacer sa mère dans l’amour de son père. Refoulé ce désir, maintient la fille dans une dépendance du désir de la mère, l’empêche de s’en libérer en raison d’une immense culpabilité. * Freud en fait le noyau de l’hystérie. Tel est l’intérêt de ces quelques lignes qui se trouvent dans le grand chapitre “ Rêves de mort de personnes chères”.C’est le rêve d'une petite fille surnommée « Œil de lynx ». En fait c'est une petite fille devenue adulte et en analyse avec Freud. Il écrit « Un jour je trouve une dame très affligée et en pleurs. Elle me dit : je ne veux plus voir les gens de ma famille, ils ne peuvent être qu'épouvantés par moi. »Voici le texte du rêve « Un lynx ou un renard ( Luchs oder Fucks) se promène sur le toit, puis quelque chose tombe ou c'est elle qui tombe, et alors on ramène sa mère, morte, à la maison et alors elle se met à pleurer des larmes de douleur. » Dans les lignes qui suivent Freud décrit « les divers états psychiques » d'une petite fille hystérique. Il évoque à son propos de nombreux rêves qui expriment ses désirs de mort à l'égard de sa mère. « Tantôt elle assistait aux obsèques d'une vieille femme, tantôt elle se voyait avec sa sœur assises à table en vêtements de deuil ».Tous ces rêves de mort de la mère, qui ne sont d’ailleurs pas seulement l’apanage des petites filles, puisque les garçons peuvent aussi rêver de la mort de leur mère, m’ont fait penser à ce que Lacan avait dit à propos de la jouissance féminine, du fait que si les femmes n’en disaient mot c’était avant tout parce qu’elles en auraient été littéralement terrifiées. Quelles pourraient être les raisons de cette terreur, de cette épouvante ? Une assertion de Lacan pourrait servir de piste de réflexion “ Une femme ne prend sa place dans le rapport sexuel qu’en tant que mère”. Dès lors, tous ces rêves de mort de la mère peuvent l’indiquer : Dans cette jouissance au-delà du phallus telle que Lacan l’évoque d’une façon logique peut-être s’agit-il d’un redoutable affrontement à la mère où il s’agit de triompher d’elle, une façon de prendre fantasmatiquement sa place, certes non plus dans le désir du père mais dans le désir d’un homme. Ainsi je me risquerai bien à dire que dans le rapport sexuel, une femme remet en jeu son très primitif rapport à la mère non pas du côté de l’amour mais peut-être du côté de la haine. Dans le discours analytique, on parle très peu de ce désir de mort comme s’il était si profondément refoulé qu’il est littéralement inaccessible, parce qu’au fond intolérable. Il est grand temps d’appeler à notre secours Dionysos qui est non seulement le dieu du vin et de la vigne mais aussi des Bacchanales. Il parcourait ainsi les montagnes du Cithéron en compagnie de toute une troupe de ménades. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ ) Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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13:49
Tendance au suicide et sentiment de culpabilité (Podcast n°48)
Dans l’un des derniers chapitres des Essais de psychanalyse, sous le titre « Etats de dépendance du moi » Freud aborde la question du Surmoi et du sentiment de culpabilité qu’il engendre. A à son propos, il se pose cette question « Comment se fait-il que le Surmoi se manifeste essentiellement comme sentiment de culpabilité et avec cela, fasse preuve envers le moi d’une dureté et d’une sévérité extraordinaire ? Il l’explique par le fait qu’il est le produit des premières identifications du sujet. Identifications qui sont survenues en un temps ou, petit enfant il se trouvait soumis sans défense à l’autorité et à la volonté de ses parents, à leur caprice. Si Freud évoque une identification paternelle précoce, Mélanie Klein, elle décrit plutôt un surmoi archaïque maternel qui serait à l’oeuvre avant même le franchissement de la situation oedipienne, Quoiqu’il en soit le Surmoi plonge profondément dans le ça et Il en a toute la violence et la cruauté. Il persécute littéralement le sujet. Freud analyse alors les méfaits de ce Surmoi dans la mélancolie, la névrose obsessionnelle et l'hystérie. Dans ce même article, Freud attribue aux effets délétères du Surmoi, ce qu’il appelle la réaction thérapeutique négative comme étant le refus énergique de guérir. Le seul moyen de lutter contre ce refus étant de retrouver ses sources inconscientes surmoïques. En note il décrit ainsi les difficultés que rencontre l’analyste pour lutter contre ce refus délibéré de guérir. Il nous indique que le cas le plus favorable est celui où ce sentiment de culpabilité est un sentiment emprunté à quelqu’un d’autre. C’est à dire qu’il est la trace d’un ancien objet d’amour abandonné. Une fois cette trace retrouvée, le sentiment de culpabilité qui l’accompagnait peut à son tour être abandonné. Un autre cas qui peut aussi être favorable, c’est le cas où la personnalité de l’analyste lui permet de se mettre à la place de l’idéal du moi de l’analysant. Mais cela pose tout aussitôt, comme Freud le souligne, toute une série de problèmes éthiques car l’analyste n’est pas là pour jouer le rôle de sauveur ou d’éducateur. Il y a pourtant une échappée possible à ce dilemme. On peut la décrire en évoquant la légende d’Oreste, celui qui ayant assassiné sa mère et son amant pour venger son père Agamemnon réussit à se libérer des poursuites, des furies, en venant plaider sa cause assisté par Athéna, la déesse de la sagesse, avec Apollon, comme avocat. De plus cela a le mérite de nous reposer des appels au Père Eternel. J'ai créé, il y a maintenant longtemps, dans les années 2000, un des premiers sites de psychanalyse. Je l'ai appelé " Le goût de la psychanalyse". ( https://www.le-gout-de-la-psychanalyse.fr/ ) Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
À propos de Une psychanalyse à fleur d'inconscient
Bienvenue sur ce site de podcasts «Une psychanalyse à fleur d'inconscient »
Je m'appelle Liliane Fainsilber. J'ai exercé pendant près de vingt ans la médecine générale à Mantes la jolie, une petite ville de la vallée de la Seine qui était en ces années 70 très prospère.
Après avoir fait une psychanalyse avec Jacques Lacan, je suis devenue psychanalyste.
Je suis maintenant une vieille dame mais, comme je m'intéresse toujours à cette si surprenante invention de Freud, une de mes petites filles m'a suggéré, il y a quelques mois, d'enregistrer des podcasts pour y parler de psychanalyse, une psychanalyse que je souhaite légère et même gaie. Aussitôt dit aussitôt fait, autant profiter des occasions que nous offre le dit progrès. Je me lance donc dans cette entreprise. J'espère que vous la partagerez avec moi.
Je partirai de cette question qui est importante à savoir que la psychanalyse ne peut pas seulement s'apprendre dans les livres ou à l'université. On ne peut devenir psychanalyste qu'après avoir été analysant.
Si les textes freudiens qui sont à la base de cette invention première doivent être lus mot à mot et si les textes d'autres analystes et bien sûr, parmi eux, les séminaires de Lacan, doivent être déchiffrés, ce ne peut être qu'en raison des effets de transfert qu'ils provoquent, c'est à dire des nouvelles énonciations qu'elles permettent.
Ainsi il ne peuvent être mesurés et appréciés qu'à l'aune du savoir inconscient de leurs lecteurs.
Les concepts de cette nouvelle science inventée par Freud ne sont mis à l'épreuve que dans l'analyse de chaque analysant.
Avec ce titre « une psychanalyse à fleur d'inconscient » je voudrais évoquer aussi le fait que la théorie analytique devrait toujours se trouver très proche de la clinique, mise en continuité avec elle. On peut en effet dire que c'est à fleur d'inconscient qu'elles peuvent se rencontrer toutes deux. Car, au même titre que ses symptômes ou que ses rêves, ses élaborations théoriques du psychanalyste sont elles aussi, à proprement parler, des formations de l'inconscient.
Le psychanalyste redevient ainsi, à cette occasion, au moins pour un temps, analysant.
C'est ainsi que chaque analyste a la lourde charge d'avoir à transmettre la psychanalyse et à la maintenir en vie en la réinventant.
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