Les dynamiques de l'action collective dans les politiques publiques
Le sociologue Henri Bergeron vient d'être nommé doyen de l’École d’affaires publiques de Sciences Po. Ses recherches portent sur les dynamiques de l’action collective s'épanouissant dans les politiques publiques, et dans les organisations, en particulier dans les domaines de la santé, de l’autonomie, du handicap et des addictions. Il s’intéresse à la manière dont les acteurs coopèrent pour produire des biens et services ou transformer des institutions. Après avoir expliqué la singularité des choix français en matière de politiques des addictions, il a analysé, avec Constance Nathanson de l'Université de Columbia, le scandale du sang contaminé, mettant en lumière des approches différentes adoptées par la France et les États-Unis face à une situation pourtant comparable. Le livre Sociologie politique de la santé -coécrit avec Patrick Castel- propose une lecture critique de la recherche en santé, en soulignant l'oubli des dimensions politiques, institutionnelles et organisationnelles. Les auteurs valorisent des travaux, principalement anglo-saxons, et abordent des thèmes comme les mouvements de patients, les politiques de santé et l’organisation des soins. Dans son dernier ouvrage avec P. Castel, Henri Bergeron insiste sur la complexité organisationnelle des sociétés contemporaines. Ils proposent le concept d’"Organocène" pour analyser cette sur-organisation et les liens d'interdépendance qui existent entre les organisations et qui rendent si difficiles la transformation des politiques publiques et des entreprises . Ils plaident pour l'élaboration d'un diagnostic sociologique précis, préalable nécessaire aux velléités de changement, plutôt que la mise en œuvre de réponses gestionnaires standardisées.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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24:10
Les politiques publiques de mémoire
Sarah Gensburger, sociologue et politiste, travaille sur les politiques publiques de mémoire. Inspirée par Michael Pollak, Maurice Halbwachs et Marie-Claire Lavabre, elle a exploré comment la mémoire devient un objet d’étude sociologique et s'est intéressée pour sa thèse au titre de « Juste parmi les nations », attribué par l’institut israélien Yad Vashem aux non-Juifs ayant sauvé des Juifs durant la Shoah. Elle étudie cette reconnaissance comme une pratique sociale, en analysant les témoignages, les cérémonies et les processus administratifs qui transforment un souvenir privé en mémoire publique.Sarah Gensburger montre que ce processus impliquait des interactions entre individus et institutions étatiques, notamment les États français et israélien. Son travail a permis d’identifier la manière dont l’État français s’est progressivement emparé de cette commémoration, aboutissant à des cérémonies officielles comme celle de 2007 au Panthéon. Dans ses recherches plus récentes, Sarah interroge une sociologie des politiques de mémoire, analysant comment l’État catégorise et organise la mémoire à travers ses administrations (défense, culture, collectivités territoriales). Elle met en lumière les effets de ces politiques et questionne leur capacité à transmettre des valeurs.Enfin, elle s’intéresse aux phénomènes de "dé-commémoration" (comme le déboulonnage de statues), qu’elle étudie comme des formes modernes de commémoration.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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31:06
À la recherche des consommateurs : histoires d'enquêtes
Marie-Emmanuelle Chessel, historienne, analyse des enquêtes de consommation sous différentes formes.A partir d'un corpus d'enquêtes de marché, elle explore les origines de la société de consommation et le rôle des entreprises dans la construction des habitudes d'achat. Ces études de marché sont une entrée dans l'histoire de la consommation de masse des trente Glorieuses mais aussi dans l’histoire des pratiques d’enquêtes de terrain.Un autre axe de sa recherche concerne les ligues de consommateurs, qui ont cherché à transformer le monde du travail et à participer à l’élaboration d'un droit du travail, notamment en ce qui concerne les conditions des femmes dans les grands magasins et les ateliers. Les enquêtes examinées dans ce cadre portent donc sur le monde du travail.Sa méthodologie repose sur l’analyse de diverses sources historiques : archives, catalogues publicitaires, témoignages et études économiques, offrant ainsi une vision globale des relations entre commerce, consommation et société.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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24:57
Les controverses liées à la santé environnementale et au travail
Le sociologue, Jean-Noël Jouzel, étudie les controverses liées à la santé environnementale et au travail. Marqué par les crises sanitaires des années 90 (amiante, vache folle), il s'intéresse à l'acceptation sociale des maladies professionnelles. Son travail sur les pesticides débute avec l'émergence de cas d'agriculteurs malades. Il souligne le paradoxe de ces "petits patrons" qui pratiquent une agriculture intensive étant eux-mêmes victimes de pesticides et rappelle le cas de Paul François, agriculteur céréalier, qui a obtenu la condamnation de Monsanto. C'est le sujet abordé dans son livre co-écrit avec Giovanni Prête L'agriculture empoisonnée. Le long combat des victimes des pesticides paru en 2024.Dans son livre "Pesticides, comment ignorer ce que l'on sait", Jean-Noël Jouzel examine l'articulation entre savoirs scientifiques et action publique. La création d'un fonds d'indemnisation en 2020, bien que limité, marque une forme de reconnaissance des effets des pesticides sur les professionnels.Actuellement, il travaille sur la reconnaissance des maladies pédiatriques liées à l'exposition professionnelle de leurs parents aux pesticides et il analyse les obstacles rencontrés par les familles. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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24:30
La privatisation des prisons françaises
Depuis 1987, l’État délègue à des entreprises privées de nombreuses missions dites non régaliennes, mais indispensables au bon fonctionnement des prisons, comme la maintenance, la restauration, la cantine ou le travail pénal. La direction et la sécurité demeurent quant à elles publiques. Aujourd’hui, plus de la moitié des détenus sont incarcérés dans des prisons dites en gestion déléguée ou en partenariat public-privé.Dans sa thèse de sociologie, Nathan Rivet retrace l’évolution et les conséquences de cette privatisation à la française, initialement mise en place pour faire face à une inexorable surpopulation carcérale tout en limitant les dépenses publiques. Son enquête, qui va des coursives de Fleury au couloir de Bercy, s'intéresse autant aux politiques budgétaires qu’aux transformations du travail des agents en prison. Nathan Rivet montre comment privatisation et formation de l’État entretiennent une relation complexe, il analyse les responsabilités des acteurs publics et privés face à leurs impératifs économiques et professionnels respectifs.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Comment naît un objet de recherche ? Ce podcast du Centre de sociologie des organisations de Sciences Po et du CNRS propose des récits de chercheurs et chercheuses autour de leur relation avec leurs objets de recherche.
Un podcast de 20 minutes à écouter chaque mois, préparé et présenté par Samia Ben, chargée de communication du CSO.
Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.