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L’échappée

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  • Laure Murat : « Soyons “woke”, mais avec méthode ! »
    « C’est en ce moment pour moi une sale époque, toutes les époques d’ailleurs sont dégueulasses dans l’état où je suis » : faisant écho à nos contemporaines inquiétudes et incertitudes, cette confidence d’Antonin Artaud (dans La Révolution surréaliste en 1925) a inspiré Laure Murat pour son nouveau manuel de résistance.Toutes les époques sont dégueulasses, qui vient de paraître chez Verdier, prolonge la démarche d’un précédent manifeste de l’écrivaine, Qui annule quoi ? paru au Seuil en 2022 : prenant à bras-le-corps les débats sur la « cancel culture » – l’annulation de symboles des oppressions – et sur la réécriture de classiques de la littérature – encombrés de racismes ou de sexisme –, elle indique la voie de révoltes qui aient l’intelligence de leurs colères. En d’autres termes, de résistances qui ne débouchent pas sur des impasses, et donc des déceptions, à force d’imiter les dominations qu’elles combattent.« Soyons “woke”, mais avec méthode ! », recommande l’autrice d’ouvrages majeurs sur les causes intersectionnelles de l’émancipation qui fédèrent tous les combats de l’égalité, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de croyance, de sexe ou de genre.Notre conversation se tient dans la chambre de Marcel Proust, reconstituée au musée Carnavalet, lieu choisi par Laure Murat. Dans son formidable Proust, roman familial (prix Médicis essai 2023), elle avait raconté combien la lecture d’À la recherche du temps perdu l’avait littéralement sauvée dans son échappée personnelle d’un monde aristocratique auquel la revendication de l’homosexualité était insupportable, tant elle en défie les conservatismes et les immobilismes.Rendez-vous avait été pris il y a plusieurs mois quand l’universitaire, professeure à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), aux États-Unis, avait annoncé son choix de quitter ce pays et, surtout, cette ville dont elle était tombée amoureuse, en raison du retour au pouvoir de Donald Trump. Expliquant pourquoi, avec ce dernier à leur tête, les États-Unis ne sont plus une démocratie, elle confie cependant avec optimisme sa conviction que #MeToo est une révolution irrépressible qui frappe en leur cœur les dominations et les oppressions.Après avoir revisité les tenaces adversités que ce mouvement de libération a dû affronter en France – de la tribune de Catherine Deneuve en défense d’une prétendue « liberté d’importuner » au soutien apporté par Emmanuel Macron à Gérard Depardieu –, Laure Murat lance un appel à une recherche collective confrontant la liberté de création à la question morale – un débat difficile que recouvre l’habituelle excuse sur la distinction « entre l’homme et l’artiste ». Elle termine enfin par un message adressé aux hommes, les invitant à vouloir, vraiment, « un avenir commun avec les femmes ».Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    1:10:54
  • Malika Rahal : « L’anticolonialisme est une affaire du présent »
    Le « double standard » d’un Occident qui renie et saccage les valeurs qu’il proclame à la face du monde a commencé il y a quatre-vingts ans, quand la victoire contre le nazisme en Europe fut entachée par des massacres coloniaux en Algérie, dans le Constantinois. Ce rappel de l’autre 8 mai 1945 est le point de départ de notre conversation avec l’historienne du fait colonial Malika Rahal, directrice de l’Institut d’histoire du temps présent (IHTP).« Il n’y a d’histoire qu’au présent », aimait dire l’historien Marc Bloch. Et c’est ce que nous confirme Malika Rahal à l’heure de la guerre d’Israël à Gaza, en appelant la France à ne pas se contenter de gestes mémoriels, notamment sur les crimes commis pendant la guerre d’Algérie, mais à se déclarer enfin, résolument, anticolonialiste. Le colonialisme, nous explique-t-elle, « n’est pas une affaire du passé mais une affaire du présent ». Dans Mille histoires diraient la mienne (Éditions EHESS), elle revient sur son itinéraire intellectuel au carrefour de trois héritages et nationalités, la France où elle est née, à Toulouse, puis a grandi, dans le Lauragais, l’Algérie de son père qui reste son pays de cœur, les États-Unis de sa mère, ceux des grandes plaines du Nebraska. Un cheminement multiculturel et internationaliste dont l’Algérie, avec sa révolution anticolonialiste, est le fil d’Ariane, jusqu’aux espérances du Hirak de 2019 qui reprenait le mot d’ordre de la libération de 1962 : « Un seul héros, le peuple ».Autrice d’un remarquable Algérie 1962 (La Découverte), histoire populaire de l’indépendance algérienne, elle mène, avec son collègue Fabrice Riceputi, des recherches entêtées sur les disparus de la mal nommée « bataille d’Alger » en 1957, dont témoigne le site 1000autres.org et cette enquête pour Mediapart. De fait, « disparition » pourrait être le synonyme de colonisation, aujourd’hui comme hier : effacer un peuple, détruire sa culture, le déplacer, l’expulser, le massacrer… Réalités criminelles non seulement d’hier mais hélas d’aujourd’hui auxquelles, dans notre émission, Malika Rahal objecte, tout simplement : « Ce n’est pas bien… »Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    1:05:58
  • Agnès Callamard sur Gaza : « Cela nous détruit nous aussi de ne pas vouloir reconnaître la destruction de tout un peuple »
    Secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard est engagée pour les droits humains depuis vingt-huit ans. Alors qu’elle en témoigne dans « Une enquêtrice à l’ONU », elle s’élève contre l’indifférence face au sort des Palestiniens à Gaza.Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    1:12:18
  • Lola Lafon : « La seule joie politique de mon existence, c’est #MeToo »
    « L’art est une façon de tenir tête à ce que l’on nomme le réel », écrit Lola Lafon dont toute l’œuvre, déjà abondante, est un précis de résistance à l’air du temps, aux résignations et aux compromissions.Dans Une fièvre impossible à négocier, son premier livre paru en 2003, on trouve cette notation : « On ne discute pas avec le cancer, on fait une chimiothérapie… Le fascisme, c’est pareil : on l’élimine ou on en crève. » Lola Lafon, qui se revendique volontiers anarchiste féministe (ou féministe anarchiste) depuis ses jeunes années passées chez les autonomes et dans les squats, raconte dans ce numéro de « L’échappée » comment elle a mûri ses convictions, revendiquant aujourd’hui un humanisme radical.Leur fil conducteur est le combat des femmes non seulement contre les violences que leur font les hommes – elle fut victime d’un viol dont le souvenir habite son œuvre, notamment Chavirer (2020) – mais surtout contre l’imaginaire masculiniste dans lequel s’ancre leur domination, cette passion du pouvoir, cet amour de la verticalité, ce vertige de la puissance. Son propos est d’une actualité criante face à ce qu’incarne le duo Trump-Poutine.Dans Quand tu écouteras cette chanson (2022), intense réflexion née d’une nuit passée au musée Anne-Frank d’Amsterdam, elle fait l’éloge des « irrévérentes » à son image d’indocile et de rétive. « On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Mais on pourra dire qu’on ne savait pas quoi faire de ce qu’on savait », écrit-elle dans Il n’a jamais été trop tard (2025), recueil de chroniques sur le temps présent. Mais c’est, ensuite, pour mieux secouer nos renoncements avec cette citation d’Ernst Bloch : « Ce dont il faut se souvenir, c’est avant tout ce qu’il reste à faire. »Un entretien revigorant, au plus près de nos doutes et de nos inquiétudes. Une parole qui, dans ses précautions et ses nuances, (re)donne espoir dans le souci sans frontières des êtres, corps et âmes mêlées. Un voyage aussi où l’on croise la danse, le chant, la Roumanie, le passé communiste et l’histoire juive – et, par-dessus tout, la littérature.Retrouvez tous les numéros de « L’échappée » sur Mediapart. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    1:00:48
  • Patrick Chamoiseau : « Nous sommes en face du surgissement de l’inconcevable »
    L'indigence« L’indigence que créent les dominations est d’abord une disparition de la Beauté », écrit Patrick Chamoiseau dans le « Libelle » qu’il vient de publier aux éditions du Seuil, Que peut Littérature quand elle ne peut ? « Dans le capitalisme extrême, on a un renforcement de la bêtise et de l’obscurantisme. Nous sommes en face du surgissement de l’inconcevable », prolonge-t-il dans cet entretien pour Mediapart, quatrième numéro de notre émission « L’échappée ».De retour d’une tournée universitaire aux États-Unis d’Amérique, où il a été témoin de l’élection de Donald Trump, l’écrivain martiniquais invite à ne pas se dérober face au défi que l’avènement de cet inconcevable lance aux principes d’humanité et d’égalité. « Pour imaginer le monde qui nous manque, la pensée a besoin de l’impossible », explique-t-il, en appelant à l’affirmation d’un « imaginaire de la Relation », dans le sillage de ses compatriotes Aimé Césaire et Édouard Glissant.Le poète René Char, l’écrivain Milan Kundera, le philosophe Gilles Deleuze, le sociologue Edgar Morin ou encore le chanteur Bernard Lavilliers sont aussi embarqués dans cette conversation au long cours avec l’auteur de Solibo Magnifique, de Texaco et, plus récemment, de Frères migrants. Patrick Chamoiseau y interpelle notamment la persistance française de l’imaginaire colonial : « En outre-mer, on nie l’existence de peuples singuliers. Ce qu’il faut, c’est libérer ces peuples. »Contre la désespérance qui nous saisit face à la catastrophe en cours, l’écrivain appelle à cultiver la « puissance imaginative » de la littérature, ouverture à d’autres possibles dans la confrontation à l’impensable. Ce qui suppose, affirme-t-il, d’échapper à tous ces « grands récits » qui verrouillent la réalité, dans la négation de sa complexité, de ses pluralités et de ses diversités. « Le réel est inépuisable », recélant les alternatives au monde des Trump et Poutine, insiste Patrick Chamoiseau, en quête de « l’en commun qui nous manque », ce lieu à venir où nous saurons « construire des “nous” à partir des plénitudes individuelles ».Retrouvez tous les numéros de « L’échappée » sur Mediapart. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    1:03:10

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À propos de L’échappée

On ne va pas se raconter d’histoire : l’époque n’est pas réjouissante tant les ombres menacent. Mais le risque de cette lucidité, c’est de se laisser abattre. Carte blanche donnée par Mediapart à Edwy Plenel, l’émission « L’échappée » entend dire non à la résignation grâce à des rencontres qui réveillent l’espérance.Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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