
PARTIE 3 -EP 154, autour du roman de John Boyne, "Les Eléments", publié chez JC Lattès.
14/12/2025 | 13 min
L’écrivain irlandais John Boyne, connu notamment pour son roman intitulé Le Garçon en pyjama rayé, publie chez Jean-Claude Lattès un copieux ouvrage de plus de 500 pages intitulé Les Éléments, dans une traduction de Sophie Aslanides.Le roman déploie sur plusieurs décennies, en quatre parties baptisées chacune du nom d’une des quatre éléments, des histoires reliées entre elles, de façon visible, par des personnages aperçus dans la partie précédente, mais surtout, de façon plus souterraine et structurelle, par les effets diffractés de violences sexuelles qui semblent dessiner une chaîne infinie.Combien de personnes, si l’on se donne une large échelle du temps pour observer et raconter ce qui se transmet dans les corps et les esprits, un abus sexuel entraîne-t-il depuis sa déflagration initiale ? Et quelles sont les différentes attitudes possibles face à ces actes dont a été victime, témoin, complice ou acteur ?Posées de cette manière, ces interrogations qui structurent le roman de John Boyne, sont sans doute trop pédagogiques ou journalistiques pour rendre compte d’un ouvrage qu’il m’a été, à titre personnel, difficile de lâcher, tant l’Irlandais maîtrise l’art du portrait, du dialogue, du flash-back, de la chute et du cliffhanger, mot que je me permets de laisser en anglais puisqu’il a été rendu célèbre par les séries télévisées et qu’il désigne cette manière de laisser l’action en suspense au bord d’une falaise qui pourrait ressembler à celles de certains paysages décrits par John Boyne dans ce roman qui vient par ailleurs d’obtenir le Prix Femina Étranger.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

INTEGRALE -EP154, autour des romans : "L’entroubli" deThibault Daelman, de "Vertu et Rosalinde" d'Anne Serre et "Les éléments" de John Boyne.
14/12/2025 | 42 min
Un premier roman placé sous le double signe de François Villon, à la fois le poète du XVe siècle et le collège du XIVe arrondissement de Paris. Un étrange carrousel sensoriel de textes dessinant l’autoportrait d’une écrivaine. Et un récit déployé sur plusieurs décennies pour capter la déflagration infinie d’un abus sexuel, d’un personnage à l’autre, d’un territoire au suivant.On discute aujourd’hui dans « L’esprit critique » de L’entroubli signé Thibault Daelman et prix « Envoyé par la poste » 2025 publié par les éditions Le Tripode ; de Vertu et Rosalinde que fait paraître l’écrivaine Anne Serre au Mercure de France. Et enfin du nouveau livre de l’irlandais John Boyne, Les Éléments, traduit chez Jean-Claude Lattès et lauréat récent du prix Femina étranger.On en discute avec : • Lise Wajeman, professeure de littérature comparée qui chronique l’actualité littéraire pour Mediapart • Youness Bousenna, qui chronique l’actualité littéraire pour Télérama• Copélia Mainardi qui écrit notamment pour Libération.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

PARTIE 1 -EP154, autour de "L’entroubli" signé Thibault Daelman et publié par les éditions Le Tripode.
14/12/2025 | 13 min
Un premier roman placé sous le signe de François Villon, à la fois le poète et le collège. Parce que son titre « L’entroubli » est un hapax, à s’avoir un terme qui n’apparaît qu’une fois, en l’occurrence sous le plume de ce poète du XVème, où il désigne alors un état de demi-conscience propice à la réminiscence, ce qui est sans doute une première piste pour entrer dans ce récit.Et parce qu’un des établissements dans lequel souffre et apprend tout à la fois le narrateur ressemble furieusement à un collège de bord de périphérique baptisé du nom du poète médiéval. L’auteur de L’entroubli s’appelle Thibault Daelman, il avait été retenu par ce qui est sans doute le meilleur prix littéraire de France, à savoir le prix « Envoyé par la poste » 2025. Il est publié par les éditions Le Tripode. Thibault Daelman raconte une enfance et une jeunesse passée entre un père alcoolique et bientôt impotent, et une mère dure qui ne jure que par l’élévation scolaire de ces cinq enfants, une fratrie parmi laquelle se singularise une envie d’écrire.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

PARTIE 2 -EP 154, autour de "Vertu et Rosalinde" d'Anne Serre, au Mercure de France
14/12/2025 | 13 min
Vertu et Rosalinde est le titre relativement étrange d’un livre pas nécessairement facile à saisir. Il est signé Anne Serre et est publié au Mercure de France. Tout ne s’éclaire pas tout à fait même lorsqu’on sait que Vertu et Rosalinde sont deux personnages féminins que l’on retrouve à la campagne, en train d’écrire. Le roman est en effet éclaté en trente chapitres courts de seulement deux, trois ou quatre pages. L’identité de la narratrice fluctue de l’enfance à l’âge adulte tout en changeant de prénom. Et le ton alterne entre le mordant et le léger, entre une écriture qui brouille les frontières, pouvant sembler aussi bien cynique qu’enfantine.On assiste aussi bien à un match entre l’équipe des Vic – « constituée de trente-deux filles victimes – d’inceste, de pédophilie, de gestes inappropriés, mais aussi d’injustice sociale pour certaines ayant grandi dans des milieux ou pauvres ou bêtes ou sans intérêt » et l’équipe des Non-Vic à la description de correspondances décrites en ces termes : « Parfois je recevais des lettres d’admirateur(s) (trices) qui arrivaient chez mon éditrice, et mon sentiment général lorsque je les ouvrais chez moi, c’était que les gens qui m’admiraient portaient toujours de drôles de noms habitaient toujours à de drôles adresses. »Anne Serre est l’autrice d’une quinzaine de romans mais a aussi reçu le prix Goncourt de la nouvelle, en 2020, pour un recueil qui s’intitulait Au cœur d’un été tout en or.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

INTEGRALE -EP153. Le destin cinématographique d’Abdellatif Kechiche
07/12/2025 | 40 min
Allons-nous parler aujourd’hui de l’ultime film d’Abdellatif Kechiche, le cinéaste de 64 ans, diminué depuis mars dernier par un AVC qui laisse planer des doutes sur sa capacité à diriger de nouveau un tournage ? Quoi qu’il en soit, « L’esprit critique » a jugé qu’il serait pertinent de parler plus en longueur du travail du réalisateur, à l’occasion de la sortie sur les écrans de Mektoub, My Love : Canto Due.Parce que plusieurs critiques hurlent déjà au génie, et parce que c’est précisément autour de cette figure du réalisateur d’exception, voire du génie maudit, que se sont nouées nombre de questions qui ont traversé récemment le monde cinéma, et dont Kechiche fait figure de paradigme : male gaze, maltraitance des employé·es au nom de l’exigence cinématographique, focalisation sur la figure de l’auteur-réalisateur tout-puissant…Et, pour être complet, en 2018, une plainte déposée contre le cinéaste par une actrice pour agression sexuelle dans le cadre d’une soirée privée, finalement classée sans suite deux ans plus tard par le parquet de Paris pour « infraction insuffisamment caractérisée ». Sachant enfin que le nom de Kechiche est aussi revenu à plusieurs reprises lors de la commission d’enquête menée par Sandrine Rousseau sur les violences sexistes et sexuelles commises dans le monde de la culture.La sortie de Mektoub, My Love : Canto Due, plus grand monde ne l’attendait, puisqu’elle est extraite de centaines d’heures de rushs tournés entre 2016 et 2018 qui ont épuisé plusieurs équipes de production, à travers une épopée très bien racontée par le journal Libération en amont du Festival international du film de Locarno, où le film a été projeté pour la première fois.Plus personne ne l’attendait non plus parce que le projet de Mektoub, déjà complexe, avait semblé ne pas devoir se remettre de la présentation à Cannes en 2019 d’un film intermédiaire, intitulé Mektoub, My Love : Intermezzo, un interlude de près de trois heures trente en forme de transe en boîte de nuit, d’après les rares personnes qui ont pu le voir.Le film n’est jamais sorti sur les écrans, pour des questions de droits musicaux ruineux mais aussi d’une brouille entre Kechiche et l’actrice principale de Mektoub, Ophélie Bau, au sujet d’une scène de cunnilingus non simulé intégrée au montage contre le consentement de la comédienne, même si des versions contradictoires circulent et si Ophélie Bau ne s’est exprimée sur le sujet qu’en quittant la projection et en refusant de venir ensuite à la conférence de presse.Mektoub concentre ainsi toute la légende, à la fois dorée et noire, d’Abdellatif Kechiche, Palme d’or à Cannes en 2013 pour La Vie d’Adèle, capable de révéler des actrices comme Sara Forestier dans L’Esquive, Hafsia Herzi dans La Graine et le Mulet ou Adèle Exarchopoulos dans La Vie d’Adèle, mais aussi de voir certaines refuser de travailler davantage avec lui, ainsi de Léa Seydoux ou d’Ophélie Bau, même si cette dernière assure en ce moment la promotion de Canto Due.Existe-t-il une « méthode Kechiche » et est-ce celle-ci qui pose problème ?Comment fabrique-t-on un film comme Mektoub, My Love : Canto Due monté à partir de près de 1 000 heures de rushs (c’était 750 pour La Vie d’Adèle) ? Un chiffre à propos duquel le monteur Luc Seugé dit : « 1 000 heures de rushs, cela équivaut à dire que pour simplement tout visionner une seule fois, en regardant cinq heures par jour, il faut huit mois. » Et faut-il distinguer un premier trio de films constitué par La Faute à Voltaire, L’Esquive et La Graine et le Mulet avant une forme de bascule dans une voracité des corps et du sexe allant jusqu’à utiliser la grammaire du film pornographique de façon acritique depuis La Vie d’Adèle ?« Je n’ai plus envie d’expliquer, ni même de me justifier », écrit Kechiche dans le dossier de presse. Nous allons donc nous dévouer pendant trois quarts d’heure à cette tâche « d’expliquer », pour voir si ce film peut être justifié.Mektoub, My Love : Canto Due est sorti sur les écrans mercredi dernier. Avec :Occitane Lacurie, membre du comité de rédaction de la revue DébordementsAlice Leroy, qui écrit dans les Cahiers du cinéma et l’ancienne Panthère PremièreRaphaël Nieuwjaer qui écrit aussi pour les Cahiers du cinéma ainsi que pour la revue Études« L’esprit critique » est un podcast enregistré par Corentin Dubois et réalisé par Karen Beun.Hébergé par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.



L’esprit critique