Écologie, nature et extrêmes droites : entre carbofascisme et écofascisme
Dans ce nouvel épisode, on revient sur les rapports entre les extrêmes droites et l'écologie, que nous avions commencé à aborder dans deux épisodes précédents (voir "Peste brune et greenwashing"). Pour approfondir le sujet, j'ai invité Antoine Dubiau, auteur notamment du livre "Écofascismes" (aux éditions Grevis). Avec lui on parle à la fois des grands partis d'extrême droite, ceux qui occupent le devant de la scène électorale et que l'on peut décrire comme relevant d'un "fascisme fossile" ou d'un "carbofascisme", et de courants ou de sensibilités numériquement plus marginaux et qui construisent un rapport différent à l'écologie, mais toujours à partir d'un socle raciste et réactionnaire, une culture qu'on peut qualifier d' "écofasciste". On montre que les rapports entre ces deux polarités, à l'extrême droite, ne sont pas simplement d'opposition : non seulement certains partis comme le FN/RN tentent de donner un vernis "écologique" à leurs obsessions identitaires mais on pourrait imaginer une cohabitation/collaboration entre un pouvoir carbofasciste et des enclaves écofascistes. On se demande pour finir ce que la gauche radicale et le mouvement écologiste peuvent opposer aux articulations proposées par l'extrême droite (entre mode de vie fondé sur les industries fossiles et identité blanche-occidentale, entre préservation de la nature et maintien des rôles traditionnels de genre, ou encore entre consommation de viande et masculinité). Enregistrement et mixage : Aurélien Thome.
--------
1:08:05
Combattre l’extrême droite de la rue à l’Assemblée nationale
Alors que la guerre génocidaire menée par l’État colonial d'Israël se poursuit à Gaza, avec son cortège quotidien de crimes de masse, alors que l'extrême droite progresse partout, l'actuel gouvernement n'a rien trouvé de mieux que de s'en prendre à Urgence Palestine et à la Jeune Garde antifasciste en les menaçant de dissolution. Nouvelle étape dans l'offensive autoritaire que mène tambour battant la classe dominante française depuis une quinzaine d'années, et de manière amplifiée la Macronie depuis 2017. Dans cet épisode j'ai rencontré Raphaël Arnault, militant antifasciste, co-fondateur et porte-parole de la Jeune Garde, député élu en juillet dernier dans le cadre du Nouveau Front populaire, et Mathilde Millat, militante anticapitaliste, membre du NPA-L'Anticapitaliste et suppléante de Raphaël. Tou-tes deux ont milité ensemble à Lyon, y ont construit des mobilisations, en particulier contre l'extrême droite, et iels se retrouvent à présent à l'Assemblée nationale pour prolonger ce combat. On revient ensemble sur leurs parcours militants, les raisons et les circonstances de leur engagement, à Lyon où ils se sont rencontrés dans les années 2010. On discute de la création de la Jeune Garde antifasciste (entre 2016 et 2018), des objectifs de ce collectif, de sa stratégie, de ses pratiques, et de ses acquis. On revient sur ce qu'iels ont essayé de faire vivre dans leurs deux campagnes électorales aux législatives de 2022 (à Lyon) et 2024 (à Avignon), en particulier de la manière dont iels conçoivent l'articulation entre luttes sociales et batailles électorales. On parle avec Mathilde de la bagarre des assistants parlementaires contre le média fasciste Frontières. On essaie de comprendre avec elleux ce que font des militant-es de terrain à l'Assemblée nationale, les obstacles qu'iels y rencontrent mais aussi les combats qu'iels y mènent. Et enfin on évoque la situation politique, qui peut trop facilement nous pétrifier alors que la gauche de rupture a des points d'appui, en particulier au sein de la jeunesse comme le souligne Raphaël. Enregistrement et montage : Ugo Palheta.
--------
1:31:19
L’extrême droite : une histoire française
Pour ce nouvel épisode de "Minuit dans le siècle", j'ai invité l'historienne Ludivine Bantigny. Avec elle, nous abordons l'histoire longue de l'extrême droite française, en revenant sur plusieurs épisodes incontournables de sa trajectoire. Tout d'abord ses origines dans la Réaction à la Révolution française, qui se manifeste en particulier en 1815 au moment de la Restauration. Puis les transformations de cette extrême droite à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, du moment boulangiste à l'affaire Dreyfus, avec le rôle central que joue alors l'antisémitisme. On discute également des années 1930, en particulier sous l'angle de la controverse entre historien-nes sur la prétendue "allergie française au fascisme". Un nouveau saut dans le temps nous amène jusqu'aux années 1980 et à la résurrection de l'extrême droite avec les premières poussées électorales du Front national. Enfin, on discute de la conjoncture politique présente, marquée par l'alliance de plus en plus ouverte entre une droite extrémisée et le FN/RN. Enregistrement et mixage : Aurélien Thome.
--------
1:07:47
Anticoloniale et antifasciste : comment la révolution a gagné le Portugal (partie 2)
Après un double épisode sur la dictature fasciste au Portugal, qui a duré près d'un demi-siècle (1926-1974), on aborde dans ce double épisode la Révolution des oeillets, à nouveau avec l'historien Victor Pereira. Cette révolution est souvent réduite au 25 avril 1974, journée magnifique durant laquelle un soulèvement militaire organisé par des officiers intermédiaires - les fameux "capitaines d'avril" - fait tomber enfin la dictature. Ce récit dissimule non seulement que la révolution a commencé sur le terrain colonial (comme on l'avait montré dans les précédents épisodes sur la dictature), avec l'offensive politico-militaire des mouvements de libération nationale - en Angola puis en Guinée, au Cap-Vert et au Mozambique - qui se déploie à partir du début des années 1960 et qui va considérablement affaiblir le régime. Mais la focalisation sur le 25 avril 1974 manque également ce qui va se jouer dans les 19 mois qui vont suivre, à savoir l'intrusion des classes populaires - ouvriers et employés des villes mais aussi paysans pauvres des campagnes du Sud - sur la scène politique. Dès les semaines qui suivent la chute du régime émerge ainsi le plus grand mouvement gréviste de l'histoire du pays. Il signale d'emblée que le peuple portugais n'aspire pas à troquer une élite modernisatrice contre une caste réactionnaire. Ce qui est vite à l'ordre du jour à mesure que la révolution se développe, c'est à la fois la décolonisation immédiate, la conquête d'une démocratie réelle (ne se réduisant pas à l'élection de "bons" représentants), et la sortie de la misère pour l'ensemble des travailleurs·ses. À travers des pratiques de lutte radicale et auto-organisées, cela va progressivement conduire à la montée d'une conscience anticapitaliste et à une aspiration à construire un "pouvoir populaire". Victor Pereira a publié notamment le livre "C'est le peuple qui commande. La Révolution des Œillets : 1974-1976", aux éditions du Détour en 2023. Épisode enregistré en octobre 2024. Enregistrement, montage et mixage : Aurélien Thome.
--------
1:06:08
Anticoloniale et antifasciste : comment la révolution a gagné le Portugal (partie 1)
Après un double épisode sur la dictature fasciste au Portugal, qui a duré près d'un demi-siècle (1926-1974), on aborde dans ce double épisode la Révolution des oeillets, à nouveau avec l'historien Victor Pereira. Cette révolution est souvent réduite au 25 avril 1974, journée magnifique durant laquelle un soulèvement militaire organisé par des officiers intermédiaires - les fameux "capitaines d'avril" - fait tomber enfin la dictature. Ce récit dissimule non seulement que la révolution a commencé sur le terrain colonial (comme on l'avait montré dans les précédents épisodes sur la dictature), avec l'offensive politico-militaire des mouvements de libération nationale - en Angola puis en Guinée, au Cap-Vert et au Mozambique - qui se déploie à partir du début des années 1960 et qui va considérablement affaiblir le régime. Mais la focalisation sur le 25 avril 1974 manque également ce qui va se jouer dans les 19 mois qui vont suivre, à savoir l'intrusion des classes populaires - ouvriers et employés des villes mais aussi paysans pauvres des campagnes du Sud - sur la scène politique. Dès les semaines qui suivent la chute du régime émerge ainsi le plus grand mouvement gréviste de l'histoire du pays. Il signale d'emblée que le peuple portugais n'aspire pas à troquer une élite modernisatrice contre une caste réactionnaire. Ce qui est vite à l'ordre du jour à mesure que la révolution se développe, c'est à la fois la décolonisation immédiate, la conquête d'une démocratie réelle (ne se réduisant pas à l'élection de "bons" représentants), et la sortie de la misère pour l'ensemble des travailleurs·ses. À travers des pratiques de lutte radicale et auto-organisées, cela va progressivement conduire à la montée d'une conscience anticapitaliste et à une aspiration à construire un "pouvoir populaire". Victor Pereira a publié notamment le livre "C'est le peuple qui commande. La Révolution des Œillets : 1974-1976", aux éditions du Détour en 2023. Épisode enregistré en octobre 2024. Montage : Aurélien Thome.
Tous les quinze jours, Ugo Palheta décortique le fascisme, non par fascination morbide pour les pires tendances de notre monde, mais pour regarder en face le danger, sans jamais séparer cette exploration de la lutte pour un autre monde.
Dans "Minuit dans le siècle", on parle donc de l'histoire du fascisme et de ses transformations, des différentes variétés de fascisme à travers le temps et l'espace, de l'électorat des extrêmes droites contemporaines, des rapports entre capitalisme et fascisme, entre fascisme et racisme ou entre fascisme et colonialisme.
On analyse aussi la manière dont les fascistes investissent aujourd’hui des terrains nouveaux (écologie, droits des femmes, etc.), ou encore les complicités qu'ils trouvent au sein des élites économiques, politiques et médiatiques. On explore enfin les mobilisations antifascistes du passé et les luttes menées au présent, les stratégies qui ont été et sont mises en œuvre par les mouvements antifascistes, avec succès ou non.
"Minuit dans le siècle" est un podcast produit pour le site indépendant Spectre, et disponible sur toutes les plateformes d'écoute.