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Oublieuse Postérité

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  • EP 43 - SIMONNE JACQUEMARD : Le silence du Diable (Le veilleur de nuit, 1962)
    Le veilleur de nuit que Simonne Jacquemard a publié au Seuil en 1962 est sans doute l’un des plus énigmatiques Prix Renaudot, l’un des plus intensément métaphysiques. Il est question, dans ces deux-cents pages sévères, parfois sibyllines, dont pas une n’a été écrite en songeant au lecteur, de l’acte terminal de Siméon Leverrier, de celui qui concentre en lui tous les pôles et qui a dépassé toutes les échelles de grandeur. Siméon Leverrier creuse. Il creuse le plus grand trou qu’un seul homme n’ait jamais entrepris de creuser. Chez lui, à l’abri de grandes palissades, dissimulé au regard fruste de son voisin qui flaire de son salon l’haleine de « la gueule de l’enfer », chez lui donc, en explorant d’abord un ancien puit qu’il a découvert dans son jardin, et bientôt dans l’obscur secret de sa cave. Leverrier veille la nuit puisque tel est son métier et creuse le jour puisque telle est la besogne qui lui a été assignée et dont il ne pourra plus se libérer. Alors le jeune homme s’arme de toute sorte d’outils à la quincaillerie ; et dans cette quincaillerie rencontre Agathe-Alexandrine, vendeuse vaguement timide, ni belle, ni laide, mais au doux nom de pierre précieuse, qu’il enlèvera et séquestrera dans son gouffre. « Je ne lui pardonnerai jamais d’avoir attiré des soupçons qui n’étaient pas justifiés, écrit-il le 13 mai dans son journal de bord au ton si décousu. Ce mot de « monstre » qu’elle a prononcé pendant que je la fixais et qu’elle ramassait ses affaires. Je crois qu’elle a eu peur de moi. » Elle le suit pourtant chez lui, pèlerin dans les pas d’un prophète. Mais prophète de quoi dans cette chute vers le dernier siècle d’un enfer gelé ? Simonne Jacquemard est une auteure du désespoir le plus ferme et le moins expressionniste qui soit. Très peu de renfort d’effets, peu d’hyperbole, une méfiance à l’égard des paroxysmes ; rien qu’une lucidité monstrueuse et des personnages qui découvrent dans le visage d’autrui l’immensité de la tromperie – et donc le père des mensonges. Mais ceci ne représente qu’une petite partie de son œuvre car Simonne Jacquemard n’aura cessé de se fractionner : romans de « l’école du regard » avec Sable et L’orangerie qui font songer aux Tropismes de Nathalie Sarraute, roman humoristique avec La famille Borgia (qui peut se lire dans les deux sens, du début à la fin et de la fin au début), livres à propos des oiseaux et de la nature, roman postmoderne avec L’éruption du Krakatoa qui accumule les notes de bas de pages et les histoires enchâssées dans d’autres, romans qui mêlent érudition helléniste et mystique aussi… Quant aux personnages, certains reviennent d’un roman à l’autre, grandissent, disparaissent… Un véritable festin pour les lecteurs et les universitaires.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    32:43
  • EP 42 - HENRI POURRAT : Une épopée régionaliste ? (Gaspard des montagnes, 1922-1931)
    « Pourrat est le rénovateur de la chanson de geste » écrit Joseph Désaymard dans L’Auvergne dans les lettres contemporaines. Qui pourrait dire mieux ? Avec le cycle de Gaspard des montagnes qui comprend quatre romans parus entre 1922 et 1931, Henri Pourrat a écrit une épopée rurale qui mêle autant le folklore auvergnat que les nobles sentiments des poèmes épiques. Gaspard est un de ces personnages de cette espèce rare, haut-en-couleurs, joueur né, qui « joue le jeu pour le jeu avec entrain sinon gaiment », comme l’écrit Alexandre Vialatte, l’un des très grands amis d’Henri Pourrat, « qui a perdu, gagné, qui a été l’homme de la liberté, qui a joué le jeu pour l’honneur et le plaisir, qui l’a joué comme Ulysse et comme Roland avec ruse et chevalerie. » Henri Pourrat qui a passé sa vie à marcher et à écouter, a compilé plus d’un millier de contes dans Le trésor des contes, glanés auprès des colporteurs, des anciens, des femmes de tout lieu. C’est donc tout naturel que ce soit un conte qui donne à Gaspard des Montagnes son idée originelle, un conte intitulé tantôt Les yeux blanc, La main coupée ou encore Les yeux rouges… L’argument en est le suivant : un soir, alors que le père laisse sa fille seule à la maison, celle-ci est confrontée à des brigands qui cherchent un butin. Dans la bataille, la jeune femme parvient à couper la main au chef des brigands qui s’enfuit et jure de se venger. Quelque temps plus tard, la jeune femme épouse sans l’avoir reconnu le brigand qui veut aller plus loin encore dans sa vengeance…  Ainsi viennent 1000 pages de chevalerie, d’amitiés, d’amour, de crime, de vol, d’exploration… Ode à la nature autant que jeu pour lecteur, grand travail sur la langue autant qu’hommage aux traditions et au passé qui disparait, Gaspard des montagnes devrait être un véritable monument national. Le reste est à découvrir en écoutant le podcast et en lisant le roman…Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    23:37
  • HS 03 - PIERRE JOURDE : "Le sommeil de la raison engendre des monstres" (La marchande d'oublies, 2025)
    La marchande d’oublies est un roman maléfique, un superbe, complexe, épais roman consacré au Mal et à la fiction, à la littérature décadente et aux images gothiques. Sans doute un roman qui mériterait de faire date. La famille Helquin devient peu à peu légendaire. Le succès, comme un abcès, enfle.  « Une aura inquiétante précède » ces clowns hystériques, et notamment Alastair, le dernier des quatre frères, ce qui pousse le public à se confronter à lui, lui qui commence à agresser les spectateurs dans ses pantomimes. Mais le succès est un acrobate faillible. Un jour de juin 1874, lors d’une répétition, Alastair chute, se blesse gravement et doit passer une quinzaine à l’hôpital. Thalia, sa petite sœur âgée de seize ans, témoin de l’accident, médusée, terrassée par le choc, « plonge dans une léthargie de neuf années. » Tandis que la Belle endormie devient bientôt l’attraction d’une foire créée par ses trois autres frères, Alastair, qui sombre de plus en plus dans la violence, est interné dans divers hôpitaux, « pandémonium de la folie. » « La tarentule du chaos », comme Maurice Rollinat appelle la folie dans Les névroses tisse sa toile, « guette la raison qu’elle amorce, » la tarentule du chaos pousse le colosse à se mutiler. Puis un jour, il parvient à s’échapper et disparait pendant plus d’une décennie.   Thalia fini par se réveiller. Alastair fini par ressurgir. La famille va pouvoir se recomposer. Seulement, Thalia a été enlevé aux autres frères par Charles Louvel, médecin aliéniste, qui tente de lever le voile sur les années d’absence de la jeune femme. Seulement, Alastair est devenu fou et est obsédé par la pureté et donc, ne pouvant atteindre aucun au-delà et aucun en-deçà, condamné à faire le mal dans l’espoir de retrouver, enfin, la petite marchande d’oublies… Le reste est à découvrir en écoutant le podcast et en lisant le roman…Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    33:50
  • EP 41 : ALFRED KERN - Dans les travées de l'Europe (Le Clown, 1957)
    Hans Schmetterling est un gamin pauvre des faubourgs de Bâle, en Suisse où il nait en 1890. Fils de coiffeur et de femme de ménage, il découvre l’ivresse et la joie devant les vitrines des grands magasins bariolés de la ville ; c’est un caprice le soir de Noël, avec pour tout public ses parents, qui lui fait découvrir sa véritable vocation : le spectacle.   Bien sûr, le petit Hans n’a pas encore dix ans ; il ne connait rien d’Auguste, des clowns maladroits, des cirques et des chapiteaux qui jettent leurs rires jusqu’au ciel. Puis vinrent les soirs du cinq au huit septembre 1908. Avec l’orchestre mécanique, avec la fanfare, un cirque ambulant arrive en ville et voici que brûle « en lettres de feu le nom des Schwander. » Ce nom devient l’alpha et l’oméga de Schmetterling. Fakir, cercueil de verre, Abyssins, serpents, alezan, orgue de barbarie, jongleurs, femmes voilées… Hans revient chaque soir assister à la représentation ; que voit-il sinon les fantasmagories de son esprit dûment organisées dans un joyeux tourbillon ? Émerveillé, Hans se saisit enfin de son courage pour faire autre chose qu’une bonne blague : il va demander le patron ; il rencontrera Martha. L’aventure commence. Le Clown est un immense (et peut-être le meilleur de son siècle) roman picaresque, tant par sa taille – 550 pages à la police minuscule et serrée – que par son ambition : raconter le rire et la grimace, la vie des gens du voyage et soixante années de la vie européenne. Hans devient, comme l’écrit André Suarès dans on essai sur le clown : « le miroir comique de la tragédie et le miroir tragique de la comédie ».Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    29:32
  • EP 40 : DOMINIQUE ROLIN - Le roman de la cruauté (Les Marais, 1942)
    Dominique Rolin a publié une quarantaine de livres en soixante ans. A ceux-ci s’ajoutent une colossale correspondance avec Jim, rencontré en 1958, alors qu’elle a quarante-cinq ans et lui vingt-deux, pseudonyme derrière lequel se cache Philippe Sollers qui fut le grand amour de sa vie mais aussi celui qui permit à la romancière de changer de cap littéraire. C’est aux romans qui précèdent ce bouleversement formel qui explorera les limites de la forme romanesque mais aussi le passé et le temps « qui n'est qu’une interprétation malveillante de la vérité » comme elle l’écrit dans la préface à la réédition (en 1991 chez Gallimard) de son premier roman, Les Marais, initialement publié chez Denoël en 1942, qu’est consacré cet épisode. Roman de la cruauté, écrit à « l’odeur de louve » pour reprendre l’excellent mot de Robert Poulet, Les Marais parut d’abord en épisode dans un journal belge, Cassandre, tenu par Paul Colin, du 15 décembre 1940 au 16 février 1941. L’œuvre est si bonne que Colin et Poulet abandonnent l’idée de le publier en Belgique, patrie de Dominique Rolin, pour le proposer à Paris où Robert Denoël l’acceptera avec enthousiasme. Il est encensé par Max Jacob et Jean Cocteau qui se font abuser par le prénom et la plume de Dominique Rolin, l’appelant « cher maître. » Ce roman, véritable morceau de hargne (ainsi que les premiers romans de Dominique Rolin) est aussi de ceux qui dominent leur auteur plutôt que lui ne les domine. Les personnages semblent décider, se jeter eux-mêmes dans la gueule du loup selon une trajectoire totalement imprévisible, fort d’ellipses et de métaphores inédites.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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    27:16

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À propos de Oublieuse Postérité

Oublieuse Postérité est un podcast littéraire bimensuel qui s'écoute comme une série d'aventure narrée à la première personne par un naufragé romanesque qui lutte pour sa survie dans un océan sans mémoire qui a englouti toutes ses idoles, océan duquel émergent quelques silhouettes inquiétantes, inconnues et peut-être salvatrices... S'en approchant, le narrateur va découvrir un continent oublié de la littérature du XXème siècle et, ébahi, va partager ces chefs-d'oeuvre pour se venger de l'oublieuse postérité.  Embarquez avec lui, il reste de la place dans ce voyage culturel singulier ! Un épisode le premier et troisième mercredi du mois à 07h00.  Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
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