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Poésie en musique

Abdelghani Boudik
Poésie en musique
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5 sur 21
  • Paul Éluard : la courbe de tes yeux
    Ipad posée sur mes genoux, je tape ce vers : « la courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur ». La lumière vacille, reflet bleu sur mes ongles, et ce cercle amoureux ressemble à une projection de cinéma rayée. Je pense aux films de Buñuel, aux paupières tranchées de Un chien andalou, où l’œil devient à la fois ouverture et blessure. Le poème d’Éluard dialogue alors avec une image brutale, comme si l’amour devait toujours frôler la coupure. Les métaphores gonflent, mais je les tords. Pas de « bateaux » : plutôt des ascenseurs qui toussent, des ventilateurs qui brassent la chaleur d’une salle de répétition, des néons qui grésillent comme des insectes. Les « feuilles de jour » se changent en fenêtres de navigateurs ouvertes trop vite, saturées d’icônes, prêtes à s’éteindre. Je sens la chaleur moite sous mon bras, odeur plastique de la batterie qui chauffe, et cette matérialité numérique contamine la douceur du poème. Les regards deviennent projecteurs de galerie, diffusant un halo qui tremble au moindre souffle. Puis le vers se fissure : « si je ne sais plus tout ce que j’ai vécu, c’est que tes yeux ne m’ont pas toujours vu ». J’appuie trop fort, l’écran répond mal, mes doigts laissent une sueur acide. Je revois un instant la salle d’hôpital, murs blancs, parfum de désinfectant, quand un visage s’est tourné ailleurs. Là, le monde s’est réduit comme une fenêtre minimisée, et j’ai senti un vide physique dans la poitrine, comme une panne électrique interne. L’aveu est là, trop lourd : ma mémoire dépend de ton regard. « Tout mon sang coule dans leurs regards. » Cette phrase vibre, devient organique. Je sens un battement sec dans mes tempes, une crampe qui serre les doigts. Dehors, la sirène d’un scooter résonne avec cette tension, et j’entends dans l’air un martèlement sourd, comme une rythmique techno mal réglée. L’univers entier, fragile, dépend d’un clignement — et si tes yeux se ferment, tout s’éteint, l’écran, le corps, la ville. Si ça t’a remué un peu, fais circuler : abonne-toi, partage, laisse une trace griffonnée. C’est comme ça que la poésie évite de s’éteindre… enfin j’imagine. On se recroisera peut-être ailleurs : Actu-Rime — une chanson qui gratte, un décryptage qui cogne : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/actu-rimes-comprendre-le-monde-en-musique/id1769964253 SnapCult — des recos sèches, moins de cinq minutes, ça claque et ça passe : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/snapcult/id1806802943 Voilà. Bref.
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    3:01
  • François Villon : la balade des pendus
    Impact frontal : « Frères humains », et déjà ça craque comme une poutre qui cède. L’ouverture de Villon est un jet de pierre dans la poitrine. Pas d’échauffement, juste la vision : cordes, os, foule qui passe en retenant son souffle. Ça claque et ça salit. Puis l’orgie des détails : pluie qui boit, soleil qui grille la chair, oiseaux qui percent les orbites. Mais cette fois les voix se mêlent : une supplie, une autre ricane, une troisième transforme le refrain en disque rayé, sample médiéval qui résonne comme une publicité cassée. Le texte se tord en polyphonie, et chaque retour du refrain cogne comme un marteau sur métal. C’est prière et sarcasme à la fois. Pont parasite : graffiti sur un mur humide, affiches déchirées, slogan de prière collé à un beat de rap invisible. Je sens sous mes côtes ce froid sec — l’impression que les oiseaux picorent déjà mes organes. La feuille elle-même devient molle, peau humide entre mes doigts. Et la voix ironique me souffle encore : « Rien à absoudre ». Chute nette : honte de respirer encore. Si ça t’a remué un peu, fais circuler : abonne-toi, partage, laisse une trace griffonnée. C’est comme ça que la poésie évite de s’éteindre… enfin j’imagine. On se recroisera peut-être ailleurs : Actu-Rime — une chanson qui gratte, un décryptage qui cogne : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/actu-rimes-comprendre-le-monde-en-musique/id1769964253 SnapCult — des recos sèches, moins de cinq minutes, ça claque et ça passe : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/snapcult/id1806802943 Voilà. Bref.
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    3:25
  • Maya Angelou : je sais pourquoi l’oiseau en cage chante
    Entre le -3 et le 12, l’air sent l’ozone et la poussière d’extincteur. L’écran clignote : ERROR 504 / GORGE NOT FOUND. Mes côtes cognent contre la cage. J’ouvre la bouche : une rafale de bips, volée d’oiseaux morts heurtant les antennes relais. La voix de sécurité répète : « Envol… envol… », mais ses mots se décomposent, scripts désossés, plumes calcinées. Alors je code mon cri : if wings == cut: sing(fear, hope) else: float(wind, orange_sun) Mais le chant sort en fichier corrompu, pièces jointes illisibles, envoyées à personne. Et soudain le plafond s’ouvre. Pas un ciel — une page blanche, infinie, où chaque lettre s’imprime en noir, obstinée, inaltérable : LIBERTÉ LIBERTÉ LIBERTÉ. Si ça t’a remué un peu, fais circuler : abonne-toi, partage, laisse une trace griffonnée. C’est comme ça que la poésie évite de s’éteindre… enfin j’imagine. On se recroisera peut-être ailleurs : Actu-Rime — une chanson qui gratte, un décryptage qui cogne : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/actu-rimes-comprendre-le-monde-en-musique/id1769964253 SnapCult — des recos sèches, moins de cinq minutes, ça claque et ça passe : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/snapcult/id1806802943 Voilà. Bref. Find out more at https://poesie-en-musique.pinecast.co
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    3:09
  • Jean de La Fontaine : songe d’un habitant du Moghol
    Le ticket est tombé entre les sièges, je n’arrive pas à le repêcher. Le Mogol de La Fontaine reste coincé dans ma tête comme une écharde : vizir sauvé, ermite damné, justice de travers. Je crois relire, mais une lettre m’échappe — « Solitdue » au lieu de solitude. J’ai honte de ne pas corriger, je laisse la faute, elle dit mieux que moi ce que je vis. Sous le néon du wagon, les clartés errantes ressemblent à des insectes qui s’écrasent contre la vitre. Sénèque parlait de retraite comme d’un remède, Montaigne bricolait des phrases pour s’épargner la cour. Ici, c’est la SNCF qui me dicte l’attente. Les Muses, elles, ne viendront pas. Je note quand même : je mens, encore, quand je dis que je veux le silence. Ce que je veux, c’est qu’on trouve ce ticket raturé, qu’on lise ma peur sale. Ce n’est pas une prière, c’est un appel, un bruit de freins mal réglés. Mensonge nécessaire. Ou pire : mensonge mal orthographié. Si ça t’a remué un peu, fais circuler : abonne-toi, partage, laisse une trace griffonnée. C’est comme ça que la poésie évite de s’éteindre… enfin j’imagine. Tu peux aussi m’écrire : [email protected] On se recroisera peut-être ailleurs : Actu-Rime — une chanson qui gratte, un décryptage qui cogne : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/actu-rimes-comprendre-le-monde-en-musique/id1769964253 SnapCult — des recos sèches, moins de cinq minutes, ça claque et ça passe : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/snapcult/id1806802943 Voilà. Bref.
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    3:19
  • Amélie Paris : fin d’été
    La guitare gratte, corde sèche qui résonne comme une dent fêlée. Dans la chambre, les chaussettes sales traînent, le rideau pend de travers, et l’ampoule nue oscille au moindre courant d’air. Elle ferme les yeux, mais ça ne cache rien : l’air a ce goût rance qu’on sent dans les couloirs de métro, un mélange de poussière et de métal. Les larmes coulent à la chaîne, encore et encore, pas même héroïques, juste collantes, poisseuses. Le drap devient une bâche de plastique, ses cheveux collés font penser à une algue échouée. Elle rit une seconde — un rire sec, idiot, déplacé — en se disant qu’elle pourrait passer à la télé réalité : candidate numéro huit, « la fille qui pleure toujours », sponsorisée par un paquet de mouchoirs. Puis ça retombe, lourd, avec ce silence qui prend toute la place. Toujours lui. Toujours cette obsession qui se répète comme une notification insistante sur un vieux Nokia : bip-bip, bip-bip. À force d’y penser, sa langue s’assèche, et chaque respiration semble gratter la gorge. Univers effondré, cave qui fuit, l’infini ressemble plus à une salle d’attente où personne n’appelle ton numéro. Et pourtant, il y a cette peur : si un jour il disparaît même de sa pensée, qu’est-ce qu’il reste ? Elle s’enfonce dans le matelas, bras ouverts comme si elle attendait qu’on la ramasse. Mais rien. Silence. Si ça t’a remué un peu, fais circuler : abonne-toi, partage, laisse une trace griffonnée. C’est comme ça que la poésie évite de s’éteindre… enfin j’imagine. On se recroisera peut-être ailleurs : Actu-Rime — une chanson qui gratte, un décryptage qui cogne : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/actu-rimes-comprendre-le-monde-en-musique/id1769964253 SnapCult — des recos sèches, moins de cinq minutes, ça claque et ça passe : https://podcasts.apple.com/fr/podcast/snapcult/id1806802943 Voilà. Bref. Find out more at https://poesie-en-musique.pinecast.co
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    2:48

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À propos de Poésie en musique

Je suis Abdel. Non-voyant, j’écris assis par terre, les écouteurs vissés aux oreilles, guidé par la voix de moins en moins mécanique de mon lecteur d’écran. Je ne supporte pas que les poèmes restent immobiles : je les attrape, je les secoue, je souffle dedans. Parfois ça grésille, parfois ça casse, mais toujours ça respire. On croit qu’un poème ne peut pas être Groovy? Moi je montre l’inverse. J’ai entendu Hugo sonner comme du folk américain et Du Bellay résonner en métal symphonique. Alors je sais que la poésie n’est pas un musée : je veux l’arracher au calme mortel des anthologies et la balancer contre les murs d’aujourd’hui. Écoutez, si ça vous dit. 📧 Un poème à risquer ? → [email protected] ⚠️ Sur Spotify, la musique est coupée. Retrouvez-moi ailleurs (Apple Podcasts, overcast, deezer etc.) pour swinguer sur Victor Hugo.
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