Ulysse et le Cyclope: ruse contre un géant mangeur d’hommes (Grèce)
La mer Égée s'était faite traîtresse.Après la guerre de Troie, Ulysse et ses compagnons erraient d'île en île, ballottés par des vents contraires.Un matin, leurs navires accostèrent sur une terre étrange, où des falaises noires se dressaient comme des murailles.Pas une âme en vue, seulement des troupeaux de chèvres et de brebis paissant en liberté.La faim les poussa à explorer, mais ce qu'ils allaient découvrir dépassait de loin leur pire cauchemar.Ils trouvèrent une grotte immense, si vaste qu'on aurait cru entrer dans le ventre d'une montagne.À l'intérieur : des meules de fromage, des jars de lait et des traces d'un maître gigantesque.Les hommes s'installèrent. Mais Ulysse, prudent, pressentait un danger.Trop tard. L'air s'assombrit soudain. L'entrée fut obstruée par un bloc de pierre qu'aucun mortel n'aurait pu remuer.Dans la pénombre, une silhouette colossale s'avança : Polyphème, le Cyclope, fils de Poséidon.Son œil unique au milieu du front luisait comme une torche.Un rugissement fit trembler la caverne : « Qui êtes-vous, étrangers, pour oser envahir ma demeure ? »Ses mains énormes se posèrent sur deux marins. En un instant, il les fracassa contre la roche et les dévora.Le sang coula. La terreur saisit l'équipage.Ulysse, lui, resta silencieux. La force brute ne servirait à rien. Il fallait ruser.Les jours suivants, la scène se répéta. Chaque soir, le cyclope engloutissait deux hommes. Les survivants sombraient dans le désespoir.Mais Ulysse préparait son stratagème.Il offrit au monstre une amphore de vin puissant rapportée de Troie.Polyphème, ravi, but à grandes gorgées.Sa voix tonna : « Mortel, dis-moi ton nom, que je t'offre un présent en retour. »Ulysse, l'esprit en feu, répondit : « Mon nom est Personne. »Le géant éclata d'un rire gras, avant de sombrer dans l'ivresse.Alors Ulysse passa à l'action.Avec ses compagnons, il prit un tronc d'olivier, l'aiguisa, puis le fit rougir dans les braises.Le cœur battant, ils s'élancèrent ensemble et enfoncèrent le pieu incandescent dans l'œil unique du cyclope.Un hurlement déchira la nuit. Polyphème, aveuglé, se débattait, frappant les parois, appelant ses frères à l'aide.« Qui te fait souffrir ? »Et lui, enragé, répondit : « Personne ! Personne m'a aveuglé ! »Alors ses frères, trompés, se retirèrent.À l'aube, le monstre, méfiant, écarta la pierre pour faire sortir ses troupeaux.Il palpait chaque animal pour empêcher la fuite des Grecs.Mais Ulysse, prévoyant, avait attaché ses hommes sous le ventre des moutons.Quand les bêtes passèrent, les marins glissèrent dehors, invisibles.Ulysse lui-même se suspendit au plus gros bélier, échappant à la vigilance du cyclope.Arrivé à son navire, il ne put résister à l'orgueil.De la mer, il cria son véritable nom : « C'est Ulysse, roi d'Ithaque, qui t'a trompé, Polyphème ! »Alors le cyclope, fou de rage, implora son père Poséidon :« Père, venge-moi ! Que ce mortel ne rentre jamais chez lui, ou que son retour soit marqué par la douleur ! »Et ainsi, par sa ruse mais aussi par sa vanité, Ulysse scella son destin : un voyage sans fin, semé d'embûches et de malédictions. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.