Épisode 2 - Rébecca Chaillon
La première fois que j’ai entendu parler du travail de Rebecca Chaillon, c’était en 2018, dans une publication Instagram de Lauren Bastide : c’était les débuts de Carte Noire Nommée Désir. Depuis ce jour, je rêvais de voir ce spectacle. Et cinq ans plus tard, assise au premier rang du Théâtre Sorano à Toulouse, j’y étais. Là, devant moi, voir des corps de femmes noires, métisses, qui, avec leurs différentes disciplines racontaient leurs histoires, autant singulières que partagées.
J’ai été transportée, une sorte de vague d’émotion, un milliard de déclic en trois heures de spectacles. Mais quelques heures avant, dans les loges du théâtre, assise devant moi, avec sa plaquette de chocolat, et j’ai eu l’immense joie, de pouvoir discuter avec Rebecca Chaillon. Avec Rebecca on a parlé de la performance, de ses origines martiniquaises, d’art politique et de transmission.
Comédienne de formation, Rebecca Chaillon découvre la performance au festival d’Avignon avec l’association Centre de jeunes et de séjours (03:53).
En 2006, elle fonde la Cie Dans le ventre comme un geste entier, pour avoir un espace où elle pourrait être décisionnaire tout en étant nourrie des autres personnes avec qui elle travaille (09:36). Rébecca pense son travail comme une sorte de triptyque : être au plateau, être en dehors du plateau (mise en scène) et être dans le public. Mais c’est aussi inviter des gens dans ce triangle par les formations et masterclasses qu’elle donne (07:18). Elle trouve sa légitimité à créer dans la pratique (05:20) qui, elle-même, naît d’une sorte de fulgurance, une idée, puis tout un cheminement se crée souvent grâce aux résidences de création donnant vie à ses spectacles (11:40). La création de Carte Noire nommée Désir s’est faite au gré de différentes rencontres, dont celle avec Aurore Déon. Amies depuis la fac, elles se sont autorisées à travailler ensemble plusieurs années après leur rencontre (37:17). En ce qui concerne le contenu, Carte Noire est au début un jeu de mots liés à une publicité de café, qui peu à peu a été politisé mais aussi beaucoup d’entretiens et de lectures (40:49). Pour elle, il est impossible de faire l’impasse de la politisation de l’art et des représentations (24:02), mais pour ce faire il faut avoir un certain espace de parole, que Rébecca a su acquérir au fil du temps (26:36). La non-mixité au sein de sa pratique de metteuse en scène est arrivée petit à petit, au fil de ces questionnements autour des spectacles qu’elle a créés (44:43). D’origine martiniquaise (31:06), elle découvre par paliers ses identités multiples (29:28). Pour elle, décoloniser son corps est un processus (34:58). Ayant produit de l’art rapidement dans sa carrière, Rébecca a entamé une réflexion sur ce qu’elle était en dehors de son travail (13:55). Rebecca parle de la conscience qu'elle a de son corps sans vraiment en prendre soin, même si ce dernier est son outil principal de travail (21:10).
FANM est un podcast de Norah FIROAGUER-PELC.
Merci à Kimaya FIROAGUER pour la musique originale du générique.
Vous pouvez retrouver les actualités du podcast sur Instagram @FANM_podcast .