À la recherche du temps perdu - Episode 3 : Les demoiselles du téléphone
Quand la voix d’une grand-mère traverse le fil du téléphone, c’est tout un monde sonore, invisible et fragile, que Proust fait surgir, entre présence et perte.
Dans cet extrait du Côté de Guermantes, troisième volume de À la recherche du temps perdu, le narrateur attend un appel de sa grand’mère depuis un bureau de poste. Le téléphone, encore peu courant, devient chez Proust une machine à convoquer les absents. À l’autre bout, sa grand’mère.
Entre eux, les « demoiselles du téléphone », jeunes opératrices anonymes, relient les lignes à la main ; parfois, leurs voix surgissent en interférence. Quand enfin l’appel passe, la voix surgit, familière et lointaine. Sans le visage qui l’accompagnait toujours, la grand’mère révèle une tendresse nue, une fragilité, une mélancolie jusqu’alors inaudible. Puis la ligne se coupe. Il appelle encore, mais il est déjà trop tard. Ce qui reste n’est plus qu’un nom murmuré dans le vide : « Grand’mère, Grand’mère… ».
Conception, adaptation et réalisation : Karine Le Bail
Musique :
Extrait de La Voix humaine, de Francis Poulenc, interprété par Denise Duval (soprano), sous la direction de Georges Prêtre, Orchestre de l’Opéra-Comique — label RCA Victor Red Seal (1960).
Extrait de Réminiscence pour flûte et ondes Martenot de Imsu Choi, interprété par Imsu Choi (ondes Martenot) et Seohyeon Kim (flûte)
Album : Dali (Passerelle), label Initiale du CNSMDP
Production : Théâtre National de Bretagne et la Balise