Aménorrhée, rencontre avec Sarah Haidar
Rencontre avec Sarah Haidar, à l'occasion de la parution de son roman, Aménorrhée, aux éditions Blast.Plusieurs semaines après la lecture d’Aménorrhée, les mots de Sarah Haidar continuent de résonner avec intensité. Très gros coup de cœur pour ce roman dystopique éminemment révolutionnaire ! Si une fois de plus les hommes prennent le contrôle sur les corps des femmes, ce régime a ceci de pervers qu’il est le fruit des frustrations d’hommes déconstruits de ne pas voir les choses aller dans leur sens malgré leurs efforts. A la fois accoucheuse et avorteuse clandestine, l’héroïne tient une place ambiguë entre résistance et résignation, l’individualité et le collectif, le privilège et l’oppression. Tour à tour tortionnaire ou victime, la narration appuie la dimension psychologique des violences patriarcales et de l’apathie imposée aux femmes. L’intensité est permanente entre colère et sarcasme. Ici chaque mot est choisi avec une précision acérée, le ton est viscéral, la langue politique et poétique.Sarah Haidar est une écrivaine algérienne. Féministe et anarchiste, l’écriture est pour elle une expérience esthétique et politique qui ne doit pas être confortable. Écrire est une confrontation, une prise de risque, « un engagement épidermique » dit-elle ; l’insolence lucide et éclatante de ses textes en témoigne. Journaliste et chroniqueuse de profession, elle affectionne paradoxalement la négation du réel et du factuel dans ses romans. Écrire est aussi pour elle un acte libérateur, non seulement des lois de la gravité mais aussi de la simplicité du présent. Les transhumances littéraires ont toujours été sa première passion et après avoir publié trois romans en langue arabe, Sarah Haidar choisit de migrer vers une autre géographie avec la langue de Henri Michaux. À présent autrice de six romans, elle a reçu le prix Apulée, décerné par la Bibliothèque nationale d’Alger pour Zanadeka (Apostats), son premier roman paru en 2004, et le prix des Escales littéraires d’Alger pour Virgules en trombe, son quatrième roman et le premier écrit en français (2013). La Morsure du coquelicot, paru à l’été 2016, a rencontré un vif succès en Algérie. En arabe comme en français, l’écrivaine fait toujours le pari de tourmenter la langue, de lui faire dire l’indicible et l’inconvenable afin que la naissance littéraire soit une véritable expérience esthétique et spirituelle hors des balises et hors du temps. Aménorrhée est son deuxième roman publiée par les éditions blast.Dans l'épisode, Sarah Haidar fait référence à la revue La Place : La Place / لبلاصة – éditions motifs Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.