À la Une: portrait croisé d'une famille israélienne et d'une famille palestinienne
C’est le magazine M, le supplément du Monde, qui a eu l’idée de ce portrait croisé, l’idée de retrouver deux familles déjà rencontrées juste après le 7 octobre 2023. La famille Weissmann tout d’abord, qui a survécu. « Réfugiée un temps près de Tel Aviv, une partie des Weissmann s’est réinstallée dans le village agricole de Netiv Haasara et vit désormais au rythme des bombardements voisins », raconte Annick Cojean, l’envoyée spéciale de M. Car la bande de Gaza est tout près. « Notre vie est au mochav (au village) », explique pourtant le patriarche Yaakov, quand la journaliste objecte « la guerre à moins d’un kilomètre, les mouvements de troupes et de véhicules sur la route numéro 4, le bourdonnement des drones et des hélicoptères ». Évoquant les hommes du Hamas, les viols, les meurtres, Yaakov Weissman déclare « deux millions de Gazaouis, deux millions de terroristes. C’en est fini pour moi d’essayer d’excuser, de comprendre, de faire la distinction entre les bons et les méchants, les barbares du Hamas et la population opprimée. Alors oui, c’est la guerre. Oui, il y a des bombes. Mais ça ne me fait plus rien ».Mon téléphone est un cimetièreCôté palestinien à présent, impossible d'aller à Gaza où les journalistes étrangers sont empêchés de se rendre, c’est donc en Cisjordanie que M a rencontré la famille Redwan. Plus précisément la mère, Reem, et l’une de ses filles, elles vivent à Ramallah, mais sont originaires de Gaza, où les parents de Reem et son petit frère ont été tués dans un bombardement, le 10 octobre 2023. « À Ramallah, dans leur patrie, en territoire palestinien, elles vivent de façon illégale », précise M. « Israël, qui délivre les papiers d’identité via l’Autorité Palestinienne, leur interdit de vivre en Cisjordanie, puisque leur adresse officielle est à Gaza ». La liste des proches tués là-bas s'allonge. Reem raconte : « On boit on mange on pleure. On boit on mange on enterre ». La mère de famille regarde les photos sur son téléphone. « Elle s’arrête sur des clichés d’adultes souriants, en fait défiler quelques-uns, puis repose l’appareil ». « Mon téléphone est devenu un cimetière »murmure-t-elle. Quel est son sentiment vis-à-vis des Israéliens ? Sa réponse est sans appel. « Ça fait bientôt 2 ans qu’on est dans une situation de génocide, le sang inonde les rues » dit-elle. « Qu’ont-ils fait en Israël ? Rien. Ni pour leurs otages, ni pour nos morts. Je vois une société qui tout entière veut tuer ».Guerre secrèteNous ouvrons à présent l’Express, qui consacre un long dossier à l’Algérie et la France, sous l’angle de l’espionnage. C’est à la Une de l’hebdomadaire : « France-Algérie : la guerre secrète des espions ». « Soixante ans de coups tordus et de petits arrangements entre initiés », ajoute l’Express, qui donne pour exemple « ces agents chargés de la lutte contre les opposants algériens vivant en France ». « Un grand classique des dictatures », remarque l’hebdomadaire. « Sauf qu’Alger va plus loin. Jusqu’à l’agression physique en territoire français ». « Deux sources proches du dossier », ajoute l’Express, « nous confirment que la DGSI suspecte le régime algérien d’avoir commandité trois agressions récentes d’opposants, tous condamnés en Algérie, tous réfugiés politiques en France ». Comment les espions algériens fonctionnent-ils ? Les consulats sont semble-t-il l’un de leurs points de chute préférés. L’Express a interrogé Jérôme Poirot. Ancien coordinateur adjoint du renseignement à l’Élysée, il déclare que « les services de renseignement algériens ont toujours été très actifs sur le territoire français depuis la lutte pour l’indépendance. On peut estimer qu’il y a plusieurs centaines d’agents dans l’Hexagone. Il y en a bien évidemment une part dans les consulats ». Ce, alors que la tension ne cesse d’augmenter entre la France et l’Algérie, rappelons que l’une et l’autre, ont récemment (et réciproquement) expulsé 12 agents diplomatiques et consulaires. Harcelé pour un tweetLe Parisien-Dimanche s’intéresse lui aussi aux étrangers qui, sur le territoire français, sont toujours persécutés par les autorités de leur pays d’origine. Le journal a rencontré Hongmin Yin, un étudiant chinois de vingt-huit ans, arrivé en France en 2019. « Il nous tend, sans un mot, son téléphone, dès le début de l’entretien », raconte le Parisien-Dimanche. « Sur l’écran : une avalanche d’alertes : des tentatives de piratages de ses comptes personnels, plusieurs fois par jour ». Un véritable harcèlement. Le jeune homme n’est pourtant pas « un opposant de premier plan ». « Ce qu’on lui reproche ? Un tweet ». Les faits remontent à 2016, lorsque Hong Min Yin, « apprend à contourner la censure » et visionne une vidéo du massacre de la place Tian’anmen, en juin 1989. Bouleversé, il poste cette vidéo sur Twitter, accompagnée de ces mots : « les assassins doivent payer ». « Une alerte s’allume, quelque part, sur un écran à Pékin », poursuit le Parisien-Dimanche. « Hongmin Yin vient d’entrer dans le viseur des autorités et n’en sortira plus ». « Il y a trois mois, il a reçu une convocation de l’ambassade de Chine à Paris. (…) il ne s’y est pas rendu. Il sait que ce genre de voyage ne prévoit pas de retour », conclut le Parisien-Dimanche.