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  • Raymond Ndong Sima, Premier ministre gabonais: «Le débat national dira qui peut être candidat à la présidentielle»
    Au Gabon, le nouvel homme fort, le général Oligui Nguema, pourra-t-il se présenter à la prochaine présidentielle, comme il le laisse entendre dans une récente interview ? L’ex-opposant Raymond Ndong Sima est aujourd’hui le Premier ministre du régime de transition. De passage à New York, où il conduit la délégation gabonaise à l’Assemblée générale de l’ONU, il répond aux questions de RFI et dit sans détours que ce n’est pas à un seul individu de décider qui pourra être candidat ou pas à la prochaine élection. RFI : Monsieur le Premier ministre Raymond Ndong Sima, vous avez dit que la transition durerait 2 ans, mais la sous-région, la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), vous demande de la limiter à un an. Est-ce que vous seriez d'accord ?Raymond Ndong Sima : Je ne crois pas que, techniquement, on puisse la faire en un an. La sous-région et tout le monde sont d'accord pour que nous fassions un processus inclusif. Alors comment fait-on pour consulter les acteurs politiques, la société civile, organiser un débat sur ces questions qui sont en discussion, écrire une Constitution, faire les lois sur le financement des partis politiques et sur les campagnes électorales et obtenir que la Constitution soit adoptée par un référendum ? Comment fait-on ça en 12 mois ?L'une des grandes questions, Monsieur le Premier ministre, c'est de savoir qui pourra se présenter à la prochaine présidentielle. Vous avez dit que les militaires devaient rester les arbitres et ne pas concourir. Mais dans Jeune Afrique, le général Oligui Nguema, qui préside la transition, affirme que la Charte de la transition ne lui interdit pas d'être candidat. Qu'est-ce que vous en pensez ?C'est ce qu'il a dit. Qu'est-ce que vous voulez que je dise ? Moi, je m'en tiens à ce qui m'a été indiqué dans la Charte. J'ai accepté de rentrer au gouvernement et de ne pas me présenter candidat à la prochaine élection. J'ai accepté ça. C'est un sacrifice que je fais, parce que je rappelle que j'étais candidat jusqu'à huit jours de l'élection. Donc, l'intérêt du pays commandait que des gens viennent au gouvernement pour aider à mettre en place les réformes dont nous avons besoin pour faire des élections propres. Si tout le monde dit « moi, je vais être candidat, je ne viens pas au gouvernement », finalement, qui va faire ces réformes ? Qui va les faire ? Ce que je crois, c'est que le général a dit qu'il y aurait un débat national et que, à l'intérieur de ces débats, un certain nombre de questions seraient posées. Je crois qu'il faut s’en tenir à ça. Ce qui est important à l'heure actuelle, c'est d'organiser le débat qui vient pour qu'il soit le plus large possible et le plus sincère possible.Pour justifier sa position, le général explique qu'il est au-dessus de la mêlée car il ne sera pas personnellement impliqué dans la mise en œuvre de la future Constitution. Mais est-ce que vous pensez vraiment que le général Oligui Nguema n'aura pas son mot à dire sur la future Constitution ? Est-ce qu'il n'aura pas, d'ailleurs, le dernier mot ? Ça, c'est une question que vous devriez lui poser. Ce que je sais du processus qu'on a retenu pour aller vers une nouvelle Constitution, c'est qu’on a un débat, une conférence nationale, on a ensuite un texte qui est fait, et ce texte-là est soumis au référendum. Donc, je pense qu'il n'y a pas une seule personne qui va décider de comment va être la Constitution.Vous avez été candidat en 2016, vous avez été candidat en 2023 - jusqu'à une semaine avant le scrutin. Vous faites aujourd'hui le sacrifice de ne pas être candidat à la prochaine présidentielle. Si jamais le général Oligui Nguema décide de se présenter alors que vous, vous ne le pourrez pas, est-ce que vous pourrez rester son Premier ministre ?Ça, nous le verrons bien. Pour l'instant, ne l'a pas dit. Il n'a pas dit que se présentait. Il ne m’a pas dit : « Écoute, je me présente. » Donc, nous n’en sommes pas là. Le débat national dira qui peut être candidat à cette élection.L'une de vos priorités, Raymond Ndong Sima, c'est la lutte contre la mauvaise gouvernance. D'où notamment l'arrestation de Noureddin Bongo, qui est poursuivi pour haute trahison et détournement de fonds publics. Mais pourquoi le fils est-il arrêté et pas le père ? Est-ce que Noureddin Bongo n'était pas l'exécutant d'Ali Bongo ?Je n'ai pas accès aux éléments de l’enquête. Il y a un certain nombre de choses qui ont été dites. On a trouvé les sommes d'argent importantes, c'est un fait. On a trouvé des produits qui seraient de la drogue. C'est un fait. J'ai dit « qui seraient », parce que je n'ai pas vu. Je crois que ce sont les enquêteurs qui, à un moment donné, vont nous dire ce qu’il en est de cette affaire.Au lendemain du putsch du 30 août 2023, le candidat commun de l'opposition, le professeur Albert Ondo Ossa - que vous avez soutenu pour la présidentielle - a déclaré sur RFI : « Ce n'est pas un coup d'État, c'est une révolution de palais. Oligui Nguema est le cousin d'Ali Bongo. Derrière Oligui Nguema, il y a Pascaline Bongo. Donc, les Bongo se remettent en selle pour renouveler le système Bongo. »  Qu’est-ce que vous en pensez ?La question politique ne doit pas se ramener à la question de famille. Monsieur Bongo était à la tête d'un système. Si ce n'était pas le cas lorsqu'il est tombé malade à Riyad, le système se serait arrêté. Or, ça a continué à fonctionner, ce qui voulait bien dire qu’un système fonctionnait, ce n’était pas une question d'un individu.Et c’est ça que vous voulez changer ? C'est ça que je veux changer.
    22/09/2023
  • Macky Sall, président du Sénégal: «Le Nigeria discute en coulisses» avec les putschistes du Niger
    Près de deux mois après le coup d’État du 26 juillet contre le président Bazoum au Niger, le chef de l’État sénégalais confie que, pour résoudre la crise, la Cédéao continue de privilégier la voie diplomatique et que l’option militaire ne sera utilisée qu’en dernier ressort. Dans une interview accordée à RFI et France 24 à New York, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, Macky Sall déclare qu’il y a des discussions « underground », c’est-à-dire en coulisses, sous la direction du Nigeria et que Bola Tinubu, le chef de l’État nigérian, qui préside actuellement la Cédéao, a envoyé des émissaires à Niamey. Le chef de l’État sénégalais ajoute : « L’option militaire ne saurait être faite que lorsque toutes les autres pistes auront été épuisées ». Par ailleurs, face aux ténors de l’opposition, Macky Sall se dit confiant dans la victoire de son dauphin, le Premier ministre Amadou Ba, à la présidentielle sénégalaise du 25 février prochain, grâce au poids de la coalition au pouvoir Benno Bokk Yakaar. Il assume la dissolution du Pastef, le parti d’Ousmane Sonko, qui est à ses yeux un mouvement « insurrectionnel ».Enfin, le chef de l’État sénégalais, qui quittera le palais présidentiel en avril prochain, ne cache pas son intérêt pour un poste de responsabilité sur la scène internationale. Serait-il disponible pour succéder un jour à Antonio Guterres au secrétariat général de l’ONU ? Macky Sall ne dit pas non. Entretien.France 24 : Monsieur le Président, je veux commencer par le Niger : la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) menace d'intervenir militairement depuis deux mois, mais rien ne se passe. Est-ce que ça veut dire que cette option militaire n'est plus sur la table ?Macky Sall : Alors, depuis la décision du sommet des chefs d'État, où un ultimatum avait été donné, évidemment, il y a eu des initiatives à la fois diplomatiques et des discussions « underground » sous la direction du Nigeria. Cette dernière option militaire ne saurait être faite que lorsque véritablement toutes les pistes auraient été épuisées et que, surtout, le pays qui est la nation cadre dans ce cas, qu’est le Nigeria frontalier, lorsqu'il jouera son rôle dans cette option, les autres pays sont tout à fait prêts pour jouer leur partition. L'option est sur la table. Maintenant, quand est-ce qu'elle se fera ? Ça, je ne le sais pas encore.RFI : Alors le président nigérian Bola Tinubu a évoqué en effet des discussions avec les putschistes. C'était ce 19 septembre à la tribune de l'ONU. Vous nous dites qu'il y a des discussions « underground ». Est-ce qu'une transition de quelques mois serait acceptable à vos yeux ?Non, pour l'instant, c'est le président de la Cédéao, Bola Tinubu, qui a en charge le dossier en tant que président en exercice. Il a déjà envoyé des émissaires. Donc, moi, j'attends qu'il nous informe des résultats de ces différentes démarches pour que nous puissions apprécier et adopter une position commune. Donc, je sais simplement que le Nigeria fait tout pour trouver une solution par la voie diplomatique. Est-ce qu'on la trouvera ? C'est ce que j'espère. Autrement, on ne peut pas continuer à laisser un président élu être fait prisonnier chez lui [Mohamed Bazoum, NDLR], donc il va falloir évoluer.France 24 : Très récemment, le 9 septembre 2023, la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) a désigné votre Premier ministre, Amadou Ba, comme le candidat à l'élection présidentielle, qui doit se tenir au mois de février 2024. Cependant, ça ne fait pas l'unanimité. Est-ce que vous ne craignez pas que, par ce geste, vous alliez fracturer votre coalition et donc affaiblir votre candidat ?Mais non, je ne peux pas fracturer la coalition que j'ai mise en place et que j'ai entretenue depuis 12 ans.France 24 : Ce n’est plus la vôtre…Si, c'est la mienne parce que je reste le président de la coalition, je reste le président de mon parti. Je ne suis pas candidat, mais je reste le président du parti jusqu'à nouvel ordre et le président de la coalition. C'est normal qu'il y ait des résistances. Mais, au bout du compte, nous avons vu un processus d'alignement et finalement d'acceptation. Bon, il y a encore deux ou trois qui pensent qu'ils doivent être candidats, mais c'est leur liberté, c'est leur droit. Mais je pense qu'il y aura avant le dépôt des candidatures encore des discussions qui permettront finalement d'arriver vers une convergence totale.RFI : Oui, mais en février 2024, Monsieur le Président, sur la ligne de départ, il y aura quelques poids lourds de l'opposition comme Idrissa Seck, comme Khalifa Sall, comme peut-être Karim Wade. Ne craignez-vous pas que votre candidat, Amadou Ba, qui n'est peut-être pas un élu d'aussi longue date que ces poids lourds et qui n'est peut-être pas un homme de terrain comme certains de ses adversaires, ne soit battu ?Amadou Ba est le candidat d'une majorité. Certes, son poids personnel va jouer, mais il part avec l'atout que les autres n'ont pas : c'est d'avoir une majorité qui le soutient. Il a le soutien du président, qui est un acteur politique. Donc, tout cela mis sur la balance devrait l'aider à pouvoir battre ses adversaires.RFI : Outre Ousmane Sonko, qui est condamné en justice et qui donc est déclaré inéligible, il y a son parti, le Pastef, qui est dissous depuis quelques semaines, et la société civile proteste…Quelle société civile ?RFI : Vous avez, par exemple, un rapport de la plateforme Civicus Monitor qui dénonce « un rétrécissement de l'espace démocratique et des libertés publiques ». Je ne connais pas cette organisation. C'est la première fois que j'entends parler de cette société civile.RFI : Mais, si l'élection de février 2024 n'est pas inclusive, ne risque-t-elle pas d'être chaotique ? En quoi n'est-elle pas inclusive ? Comment peut-elle être chaotique ? L'élection est ouverte pour tous ceux qui peuvent y concourir et il appartiendra au Conseil constitutionnel, comme ça a toujours été le cas, de définir qui peut concourir ou pas. C'est la loi. À partir du moment où cela sera fait, l'élection se fera comme toutes les autres élections précédentes.RFI : Le Pastef représente une partie de l'opinion sénégalaise. Est-ce que l'élection pourrait être inclusive son absence ?Ce parti est dissous pour la bonne et simple raison que les partis ont des obligations. Un parti politique qui bénéficie de la loi ne peut pas appeler à l'insurrection à longueur de journée, ne peut pas poser des actes qui sont répréhensibles et qui sont condamnés par les lois, c'est très clair. La loi est très claire : quand un parti sort de son droit, il est dissous. Ce n'est pas la première fois qu'un parti est dissous au Sénégal. Ensuite, il y a les voies de recours. D'ailleurs, je pense qu'ils sont allés à la Cour suprême. C'est ça, un État de droit. En France aussi, on dissout des organisations. Comment voulez-vous qu'on accepte qu'un parti appelle tous les jours à la destruction de l'État et du pays ? Nous n'avons fait qu'appliquer la loi, dans toute sa rigueur.
    21/09/2023
  • Migrations: «Analyser les causes profondes dans les pays de départ au lieu du tout sécuritaire»
    Alors que l'île italienne de Lampedusa fait face à un afflux  record de migrants ces derniers jours, le débat sur la politique migratoire de l'Union européenne refait surface. Au Sénégal, plusieurs drames, plusieurs naufrages, se sont produits au large des côtes ces dernières semaines où des embarcations tentent de rejoindre l'Europe via les Canaries et où plus de 70 embarcations ont accosté depuis le début de l’été. L'UE veut aider les pays de départ à lutter contre cette émigration clandestine. Mamadou Mignane Diouf, coordonnateur du Forum social sénégalais et de la Plateforme Migration, développement, liberté de circulation et droit d'asile, est notre invité. RFI : Quand vous voyez les images de Lampedusa et de tous ces drames en mer, qu'avez-vous envie de dire ?Mamadou Mignane Diouf : Je sentais - comme beaucoup de personnes d'ailleurs - une détresse en moi, un malaise moral de constater, malgré tous les discours ici et là, que nous n’arrivons pas encore à trouver une réponse, une solution. Je crois qu’il y a comme une sorte d'abandon de ces personnes par les autorités africaines particulièrement, et c’est inquiétant et frustrant. Pour le Sénégal, les chiffres aussi sont importants : il y a 3 mois, dans un bateau, il y avait 160 personnes, et nous n’en avons sauvé qu'une vingtaine... et nous continuons à faire des recensements.Le Sénégal agit : plus de contrôle et de surveillance du littoral, des mesures répressives contre les convoyeurs. Que pensez-vous de cette politique ?Je crois que le Sénégal était aussi en discussion très avancée avec le Frontex, cette force de sécurité et de contrôle maritime que l’Union européenne a installé, qui a doté, semble-t-il, au Sénégal de quelques moyens : des bateaux de contrôle, des hélicoptères, accompagnés d'une présence de policiers d’Espagne. Malgré tout ce dispositif, on constate néanmoins que pratiquement tous les week-ends – les départs sont souvent le vendredi, samedi et dimanche - des pirogues partent. Il faut donc vraiment analyser pourquoi les départs continuent à se faire.Et ce dispositif, ça vous choque ? Un éventuel accord avec Frontex… Le président Macky Sall a finalement renoncé, mais les négociations ne sont pas closes.Oui, ça nous inquiète un peu parce qu'on a tout le temps dit à l'Union européenne, dans les réunions et les rencontres que nous avons avec les parlementaires européens à Bruxelles, nous leur disions que le tout sécuritaire n'était pas la bonne option. Il ne s'agissait pas de débloquer et de déployer tout un arsenal militaire et policier pour régler le problème. Il faut aussi analyser les causes profondes dans les pays de départ. À notre avis, il faut d’abord que l'Afrique, en elle-même, se parle. D'ailleurs, c'est là que nous avions proposé que le Sénégal, qui est un grand pays de départ à partir de ses côtes, puisse abriter une conférence afro-africaine et se sortir de cette réunion-là, avec un agenda qui permettrait - pourquoi pas - de discuter aussi avec l'agenda européen.On parle toujours de développement local pour fixer des jeunes dans les pays, mais des sommes considérables ont déjà été investies au Sénégal, sans aucun effet.Oui, je crois qu'il y a des fonds fiduciaires assez importants qui ont été débloqués, dépensés par l'Union européenne avec certains pays comme le Sénégal, mais là aussi la remarque qu'on a souvent faite à nos autorités, c'est de dire : est-ce que le modèle et les mécanismes de financement et d’accompagnement ont été bien adéquat et en rapport avec les jeunes ? Je me suis rendu un jour à Agadez (Niger), où j'ai rencontré des jeunes qui, par exemple, venaient d'une région de la Casamance naturelle et qui avaient bénéficié de ces fonds là, mais qui, malgré tout, ont décidé en jour de tenter de rentrer en Libye.Est-ce que ce thème de la migration va s'inviter dans la campagne électorale en vue de la présidentielle de février prochain selon vous ?Ah oui, oui. Aucun candidat ne pourrait échapper au débat sur la question migratoire. On ne peut pas, aujourd'hui, avoir une planification de développement des populations sans aborder la migration, les questions de droit d’asile et de liberté de circulation. D'ailleurs, nous sommes en train de mettre en place un petit cadre citoyen d'interpellation des candidats, avec un focus particulier : s’ils arrivaient au pouvoir après les élections, comment comptent-ils régler la question migratoire ? L'échec de nos États a été la gestion de la migration et de la problématique des jeunes. Si on continue les mêmes formules, les mêmes façons de faire... À partir de ce moment, ils pensent que dès l'instant qu'on est exclu du système et du partage des biens et des services, la seule alternative qui s'offre à nous, c'est d'aller voir ailleurs ! Et c'est là que s'installent les risques de voyage dans des conditions abominables que vous savez.
    20/09/2023
  • L’opposant gabonais Alexandre Barro Chambrier: «Nous jugerons le maçon au pied du mur»
    On ne l'avait pas encore entendu depuis le coup d’État du 30 août au Gabon. Alors que le général Brice Oligui Nguema est à présent bien installé et que la transition prend forme, c’est sur RFI qu’il rompt le silence. Alexandre Barro Chambrier, président du RPM est l’un des principaux responsables de la plateforme de l’opposition Alternance 2023.  RFI : Alexandre Barro Chambrier, quel est votre état d'esprit aujourd'hui ? Plutôt confiant, plutôt méfiant ?Alexandre Barro Chambrier : Mon état d'esprit est confiant parce que l'intervention des militaires a été salutaire. Nous aurions eu un bain de sang, des réactions d'hostilité vis-à-vis de ce pouvoir qui n'avait plus aucune légitimité.Pourtant, n'étiez-vous pas de ceux qui pensaient que les militaires avaient fait leur coup de force pour éviter l'alternance et sauver l'essentiel ? Vous vous êtes finalement fait une raison ?Bon, il est évident que notre souhait aurait été que les résultats de l'élection puissent être donnés, mais l'idéal n'est pas toujours possible et effectivement, il faut bien admettre qu’on ne pourra plus revenir en arrière.Qu'est-ce qui vous inquiète le plus à présent ?Nous souhaitons pour notre pays la démocratie et la transparence. Nous ne souhaitons pas que l'on passe d'une dictature civile à une forme de dictature militaire. C'est un homme animé de bonne foi [Le général Oligui Nguema, président de la transition du Gabon, NDLR]. C'est une personne ouverte qui reçoit, qui écoute et qui, nous l'espérons, va appliquer. Mais convenez qu'en 15 jours, ça ne laisse pas beaucoup de temps pour l’action, donc nous n'avons pas de raison de faire des procès d'intention ou d'être dubitatif. Nous jugerons le maçon au pied du mur.Dans la charte de la transition, il n'est nulle part spécifié que le président de la transition, le général Oligui Nguema ne pourra pas se présenter à la présidentielle. Est-ce un problème, selon vous ?Oui, il y a des corrections qui devront être faites et à notre avis, cela devrait être revu par les forces vives.Le fait que les caciques du PDG d'Ali Bongo se retrouvent encore aux affaires, est-ce de nature à vous inquiéter également ?Il y a des caciques, il y a des personnes qui ont de l'expérience, bon. Mais nous n’allons pas accepter de recyclage. Nous n’allons pas accepter que des personnes reviennent avec les idées d'antan. Nous attendons une rupture dans la gestion de l'État.Pourquoi, dans le gouvernement de transition, n'y a-t-il aucun membre d'alternance 2023 ?Bon, il y a d'autres personnalité qui ne sont pas marquées. Nous avons clairement indiqué que nous aurons des participants au niveau du Parlement qui pourront apporter leur contribution.Cela suffira-t-il pour vous faire entendre ?Écoutez, nous, nous avons l'habitude de nous faire entendre et nous utiliserons tous les canaux nécessaires si besoin était. Nous sommes dans une période qui est sensible, qui est délicate. Nous sommes sous un régime d'exception. Les militaires sont venus pour faire un travail ponctuel. C'est d'accompagner le pays, le remettre sur les rails et retrouver un ordre constitutionnel dans un temps raisonnable, c'est ça que nous demandons. Il ne faudrait pas que l'on s'installe dans la durée, de manière confortable, et il ne faudrait pas qu’on prenne goût aux délices du pouvoir.Un an, 2 ans ?Raisonnablement, 2 ans, cela nous paraît une période raisonnable. Oui, 2 ans, c'est largement suffisant pour faire ce qu'il y a à faire.
    19/09/2023
  • Libye: «J’ai vu des images apocalyptiques et le désespoir dans les yeux des survivants»
    Une semaine après les inondations dévastatrices qui ont fait des milliers de morts dans la ville libyenne de Derna, secouristes locaux et étrangers s'activent pour rechercher les corps de milliers d'autres personnes toujours portées disparues. Les derniers bilans restent très imprécis et oscillent entre plus de 3 000 et même 11 000 victimes. Le représentant des Nations unies pour la Libye, Abdoulaye Bathily, a pu, ce 16 septembre 2023, se rendre à Derna, épicentre de la catastrophe. Le diplomate sénégalais est l'invité d'Afrique matin au micro de Sébastien Németh. RFI : Abdoulaye Bathily, qu’avez-vous vu à Derna ?Abdoulaye Bathily : J’ai vu des images apocalyptiques, un paysage hallucinant et le désespoir dans les yeux des survivants.Quelles images vous-ont particulièrement marquées lors de votre passage là-bas ?Des immeubles entiers qui se sont effondrés. Et au centre-ville, une odeur pestilentielle, qui montrait qu’il y avait encore des corps ensevelis sous les décombres, qui commençaient déjà à dégager cette odeur. C’est quelque chose d’insoutenable. Ce sont des images de chaos. Une ville fantôme où les Caterpillar étaient déjà en train de travailler dans les décombres. Et naturellement, des populations complétement déboussolées. Mais aussi, une image réconfortante : celle de gens venus de partout pour aider les populations de Derna, pour sortir de ce chaos.Est-ce que sur place les secours sont organisés correctement ?Même dans un pays normal, quand une catastrophe de cette ampleur se produit, on peut comprendre, l’effet de surprise aidant, que les gens ne soient pas préparés. Mais la division du pays, puisqu’il y a deux gouvernements qui se disputent l’autorité sur tout le territoire libyen, et ces gouvernements eux-mêmes, ne sont pas préparés à organiser les secours de manière conjointe pour accueillir les étrangers qui viennent aider. Alors, il y a effectivement du flottement. Mais dans une ambiance marquée par une volonté quand même de bien faire, et de mieux faire.Vous avez le sentiment que face à cette catastrophe, la ligne de fracture est-ouest s’estompe un peu ?Il y a certains indices, oui. Par exemple, les militaires se sont mis tous ensemble pour appuyer les secours. Ils ont mis en place un centre d’opération conjoint. Mais également, les gens sont venus de l’ouest pour aider leurs frères. Ça, c’est une chose remarquable. Mais si le pays était uni, les choses auraient été beaucoup plus faciles.Face à une catastrophe d’une telle ampleur, la mobilisation internationale vous semble-t-elle suffisante ?Elle est suffisante, mais on peut dire aussi qu’elle n’est pas suffisante, à la mesure de l’ampleur de la catastrophe. Et compte tenu de l’éloignement du site, les conditions de transport ne sont pas faciles. Les barrages ont été coupés. Les ponts ont été coupés. La ville n’est pas aussi accessible. Ce n’est qu’il y a que deux jours qu’on a commencé à faire des routes de fortune pour accéder à la ville. Des efforts sont faits, mais, à mon avis, ce n’est pas encore suffisant, compte tenu des obstacles. Mais il faut dire aussi que la Libye a suffisamment de moyens. Le gouvernement de l’ouest a annoncé un appui financier conséquent. Le Parlement a annoncé également un budget de presque 3 milliards de dollars. La Libye a assez de moyens par elle-même pour faire face à cette catastrophe, sur le plan financier. Maintenant, sur le plan de l’organisation, c’est sûr que la Libye n’a pas assez de moyens techniques, de moyens opérationnels, pour rendre effectif ce soutien.La fracture est-ouest, au niveau politique, est-ce qu’elle n’aggrave pas les conséquences de cette crise ?Certainement. Si des mesures adéquates avaient été prises, en tenant compte des alertes qui ont été lancées, cela aurait pu amoindrir les conséquences désastreuses. S’il y avait une réponse collective, conjointe, unifiée, d’un État organisé, les conséquences auraient été moindres. Le procureur général est en train, à l’heure actuelle, de mener une enquête sur toutes les conditions de l’aggravation de cette crise. Mais il est clair que l’état du pays, sur le plan politique, a dû aggraver incontestablement cette situation. Tant que la Libye restera dans cette situation de désorganisation politique, où l’État n’existe presque plus, où il n’y a pas d’unité de leadership politique, où le pays reste divisé entre des groupes politiques rivaux, plus intéressés au maintien de leur position qu’à l’intérêt général des populations, évidemment une telle catastrophe aura des conséquences amplifiées.Après votre passage à Derna, quel est votre message aujourd’hui aux populations de la région, et de la Libye tout entière ?Un message d’unité pour les populations. Elles aspirent à l’unité de leur pays, à l’intégrité territoriale de leur pays, à bénéficier des énormes ressources dont elles disposent. Ces richesses doivent être pour la Libye, elles ne doivent pas être au profit de quelques individus. Les responsables libyens ont aujourd’hui en effet une responsabilité politique et morale d’unifier leur pays, de mettre de côté leur égoïsme, leur cupidité, pour servir leur peuple. Il faut un pays unifié, qui sera dirigé par des responsables élus, et qui seront comptables de leurs actions.
    18/09/2023

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