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L'Épopée des musiques noires

L'Épopée des musiques noires
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  • Hommage à Jimmy Cliff
    Le 24 novembre 2025, le chanteur jamaïcain Jimmy Cliff disparaissait à l’âge de 81 ans. Si sa notoriété explosa grâce au titre «Reggae Night» en 1983, il serait injuste de réduire son aura planétaire à cette simple bluette fort bien ficelée. Jimmy Cliff fut un auteur, compositeur, interprète de renom qui parvint à sortir du cadre stylistique de ses contemporains sans jamais trahir ses convictions artistiques, ni les musicalités traditionnelles de sa terre natale. Lorsqu’il naît en juillet 1944, la Jamaïque est encore sous domination britannique. Ce n’est qu’au tournant des années 60 que James Chambers (son vrai nom) se sentira pousser des ailes quand la jeune nation indépendante autorisera la libre expression de plusieurs formes d’expression dont le ska qu’il écoutera avec gourmandise mais c’est un film qui le révélera au grand public. «The harder they come» de Perry Henzel mettra en scène un acteur de 28 ans qui signera également la bande son du long métrage. Jimmy Cliff brille subitement dans le feu des projecteurs et son nom résonne jusqu’aux États-Unis. Cette première étape vers le succès international l’incite à multiplier les prestations au-delà de l’espace caribéen. Il se rend au Nigeria pour la première fois en 1974. Acclamé à son arrivée par des milliers d’admirateurs, il finira son séjour en prison après une altercation avec un promoteur véreux l’ayant accusé de ne pas avoir honoré son contrat. Qu’importe ses déboires, Jimmy Cliff reviendra souvent sur le continent africain et se produira au Sénégal, en Gambie, en Sierra Leone, au Ghana, en Zambie, en Afrique du Sud, etc. sans jamais omettre de transmettre des messages clairs aux pouvoirs autocratiques. Artiste libre, il déroutera parfois ses plus fervents disciples en s’autorisant des pas de côté discographiques. L’un des exemples marquants fut sans nul doute l’album Fantastic Plastic People en 2002 dans lequel il s’illustra aux côtés de personnalités très diverses, de Sting à Wyclef Jean, d’Annie Lennox (Eurythmics) à Joe Strummer (The Clash) ou encore Kool & the Gang. Ce curieux attelage ne manqua pas de susciter quelques commentaires acerbes de la part de fans un poil décontenancés. Jimmy Cliff fit fi de ces remarques peu amènes et poursuivit son exploration débridée de tous les accents musicaux que le reggae peut nourrir. Il faudra attendre «Rebirth», dix ans plus tard, pour retrouver un Jimmy Cliff résolument tourné vers le patrimoine sonore de sa jeunesse. Cette grande figure de «L’épopée des Musiques Caribéennes» vint plusieurs fois s’exprimer sur nos ondes. Nous lui rendons hommage aujourd’hui en l’écoutant se raconter, à travers les décennies, grâce à nos archives précieusement conservées. ⇒ Le site de Jimmy Cliff. Titres diffusés cette semaine : - « Hurricane Hattie » par Jimmy Cliff (1962) - « Many Rivers To Cross » par Jimmy Cliff (1969) - « You Can Get It If You Really Want » par Jimmy Cliff (1972) - « The Harder They Come » par Jimmy Cliff (1972) - « Reggae Night » par Jimmy Cliff (1983) - « Fantastic Plastic People » par Jimmy Cliff (2002) - « No Problem, Only Solutions » par Jimmy Cliff (2002) - « One More » par Jimmy Cliff (2012) - « Ship Is Sailing » par Jimmy Cliff (2012) - « Bridges » par Jimmy Cliff (2022).
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  • La grandeur d’âme de Denise King
    Bien connue des amateurs de jazz parisiens, Denise King est une chanteuse américaine de grande valeur qui ne se contente pas de livrer des prestations toujours frissonnantes. Elle œuvre pour le bien-être de ses contemporains en multipliant à Philadelphie, sa ville natale, les actions caritatives. Il paraissait logique que son dernier album People Get Ready appelle à un sursaut citoyen à travers une relecture inspirée de grands classiques engagés. Alors que la résignation semble l’emporter face aux défis de notre XXIè siècle, certaines voix continuent de défendre un idéal de justice, de paix et de tolérance. Denise King fait partie de ces rares interprètes à défier l’apathie en s’exprimant ouvertement sur les dérives et dangers de notre époque. En revitalisant les œuvres immortalisées jadis par ses aînés, elle redonne à ses auditeurs le goût de la contestation positive, de la résilience active. Il faut du caractère pour s’emparer du patrimoine de Nina Simone, Abbey Lincoln, Edwin Hawkins ou Curtis Mayfield. Denise King en a et le prouve sur ce nouvel album pétri de messages vibrants à méditer. Bien qu’elle se délecte de longue date du swing de ses grandes consœurs, Denise King n’hésite pas pour autant à se plonger dans des univers sonores plus périlleux comme le rock de U2 dont elle adapte avec brio l’hymne «Pride in the name of love». Elle s’amuse également à triturer avec le plus grand respect une poésie de Bob Dylan, «Gotta serve somebody». Femme téméraire, Denise King a suffisamment écumé les scènes internationales pour s’autoriser quelques audaces musicales sans trahir l’intention originelle. Ainsi, People Get Ready ranime le discours des combattants de la liberté dont elle perçut certainement l’écho toute gamine quand les grands orateurs d’antan défendaient les droits civiques aux États-Unis. Alors que la société américaine s’interroge sur son avenir, alors que les bruits de bottes s’intensifient chaque jour, alors que les propos radicaux agitent les esprits, la voix de Denise King suscite l’examen de conscience et invite à relever la tête. «Il n’y a pas de fatalité», semble-t-elle marteler dans ce disque utile et revigorant. Il suffit d’écouter «Why can’t we live together» emprunté à Timmy Thomas pour ressentir son exaspération et comprendre son désir de bousculer les certitudes. Denise King est une femme de cœur qui n’a jamais baissé les bras. À nous de la suivre à présent dans son combat pour un monde plus juste et équilibré. ⇒ Site internet - Denise King.   Titres diffusés cette semaine : - «You gotta move» par Denise King, extrait de People Get Ready (Jazzbook Records)- «War» par Denise King, extrait de People Get Ready (Jazzbook Records)- «Throw it away» par Denise King, extrait de People Get Ready (Jazzbook Records)- «People Get Ready» par Denise King, extrait de People Get Ready (Jazzbook Records).
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  • DK Harrell peut remercier B.B King
    À seulement 27 ans, le bluesman afro-américain DK Harrell fait sensation chaque fois qu’il se produit sur scène. Nourri par les albums du regretté B.B King, il revitalise l’esprit de son illustre aîné en mâtinant son propre répertoire d’une vigueur époustouflante. Son deuxième album Talkin’ Heavy confirme son immense talent décelé en 2023 sur The Right Man. De passage en France pour quelques prestations attendues, le jeune prodige s’est confié à notre micro. Natif de Ruston en Louisiane, DKieran Harrell a en lui la sève cosmopolite de cet État multi-ethnique qui a vu passer des milliers de migrants, esclaves, simples voyageurs, en quête d’une terre clémente. Il sait ce que cette région a apporté au rayonnement culturel des États-Unis à travers la planète et défend fièrement le vocabulaire blues qu’il maîtrise à la perfection. Il faut dire que cette forme d’expression a éveillé son esprit dès l’âge de 2 ans quand il entendit, dans la voiture de son grand-père, «The thrill is gone» extrait de l’album Deuces Wild du Roi, B.B King. L’impact de cette musique sur le bambin qu’il était à l’époque fut déterminant. Sans qu’il put comprendre l’émotion qui le faisait frissonner, son destin était tout tracé. Malgré les réticences d’un père qui l’imaginait footballeur, le jeune DK Harrell parvint au fil des mois et des années à s’emparer d’une guitare. Aujourd’hui, DK Harrell virevolte sur les scènes internationales et profite de cette exposition médiatique pour transmettre des messages car, non content d’être un fin instrumentiste, ses talents de chanteur sont indéniables. Talkin’ Heavy est donc l’occasion de se révéler et d’exposer au grand jour ses préoccupations. Comme nombre de ses contemporains et amis, il milite pour un monde ouvert, inclusif et généreux. Les divisions l’ennuient profondément. Le blues n‘est pas seulement l’écho d’un lointain passé. Il conte notre époque, ses défis, ses enjeux, ses ambitions. Respecter la tradition des aînés est, certes, une exigence mais il faut savoir actualiser ce discours pour que l’histoire se conjugue aussi au présent. DK Harrell a la chance de faire partie d’une génération de virtuoses qui redessine les contours du blues. Ses homologues, Stephen Hull, Christone «Kingfish» Ingram, Sean McDonald, Jontavious Willis, Jerron Paxton, écrivent sous nos yeux un nouveau chapitre de «L’épopée des Musiques Noires». Sauront-ils tirer profit de cette complicité créative qui les anime ? Nous pouvons, en tout cas, déjà ressentir l’effervescence qui accompagne leur développement artistique et la pertinence de leur propos. Leur XXIè siècle paraît sombre et inquiétant, mais il émane de tous ces nouveaux venus une acuité confiante du quotidien qui laisse entrevoir une réelle prise de conscience et une remarquable maturité. DK Harrell, comme ses camarades bluesmen, fait preuve de sagesse et ne se laisse pas effrayer par les renoncements idéologiques ou les dérives autoritaires. La diplomatie du blues le protège et inspire même ses plus fervents auditeurs. Gageons que cette profession de foi guidera longtemps ses pas sur le chemin de l’excellence. ⇒ DK Blues. Titres diffusés cette semaine :- « A Little Taste » par DK Harrell (Alligator Records)- «  No Thanks To You » par DK Harrell (Alligator Records)- « Talkin’ Heavy » par DK Harrell (Alligator Records)- « Praise These Blues » par DK Harrell (Alligator Records).
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  • Blues sur Seine, la musique en partage
    La 26è édition du festival «Blues sur Seine» ne déroge pas à l’intention initiale. Depuis 1999, consolider le lien social est le maître mot. Pour cela, les équipes programmatrices font preuve d’ingéniosité et de générosité en conviant les artistes à se produire dans des salles de spectacles, mais aussi des collèges, lycées, centres sociaux du département des Yvelines avec la volonté farouche de créer le contact, l’échange et l’écoute que l’on soit amateur ou non de musiques afro-planétaires. Au-delà du plaisir d’accueillir des spectateurs impatients d’acclamer des artistes aguerris, «Blues sur Seine» parie sur les vertus pédagogiques d’assister à une prestation musicale. Comme l’a démontré le pianiste Sébastien Troendlé, il n’y a pas d’âge pour découvrir les différentes formes d’expression qui ont rythmé le quotidien des Afro-Américains au fil des décennies. Son concert, destiné à des écoliers, raconte l’épopée des pionniers du ragtime et du boogie-woogie. Si sa virtuosité fait mouche, son récit n’élude pas pour autant les défis d’une population confrontée au racisme et à la ségrégation au début du XXè siècle. Comprendre les enjeux sociaux, défendre des valeurs, susciter le respect, sont des objectifs cruciaux qu’il convient de réaffirmer. Si la musique peut capter l’attention de jeunes oreilles, vierges de tous préjugés éculés, la mission de l’artiste est accomplie. Le bluesman Stephen Hull, également à l’affiche du festival «Blues sur Seine», a lui aussi un message à délivrer. À seulement 26 ans, il perpétue une tradition héritée de ses aînés, les B.B King, Albert King, Jimi Hendrix… Il a conscience de sa responsabilité patrimoniale. Il a le devoir de préserver un héritage afro-américain et cette intime conviction l'a rapidement hissé au rang des meilleurs instrumentistes actuels. Comme ses contemporains, Jontavious Willis, Jerron Paxton ou Christone «Kingfish» Ingram, il milite pour une reconnaissance universelle du blues dont il connaît la portée historique. Le genre musical qui l’anime a souvent conté l’aventure humaine de ses ancêtres et, pour que ce témoignage ne disparaisse pas, il joue chaque soir son rôle de jeune héritier, locuteur sincère d’un idiome transmis de générations en générations. Quand le blues consolait le samedi soir les citoyens américains, dits de «seconde classe», dans les clubs miteux du sud des États-Unis, le gospel et les spirituals leur donnaient de l’espoir dans les églises baptistes le dimanche matin. Si l’on a souvent opposé le sacré et le profane, il n’est pas inutile de rappeler que l’expression artistique réunissait ces deux visions stéréotypées d’une société américaine embourbée dans ses contradictions. Le trio vocal «Ebony Roots», invité au festival «Blues sur Seine», a mélodieusement prouvé qu’un répertoire, inspiré par la foi, la bonté et la joie, n’est pas nécessairement issu de cantiques religieux. Chanter des airs de Sam Cooke, du Golden Gate Quartet, de Ben Harper ou de Bobby McFerrin peut suffire à notre bien-être sans intention prosélyte. Alors que les tensions internationales bousculent notre fragile XXIè siècle, il n'est pas vain de se laisser bercer par la musicalité d’artistes bienveillants. Blues sur Seine se poursuit jusqu’au 22 novembre 2025 dans les Yvelines, près de Paris.
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  • Natalia M. King est une femme libre
    Autrefois, la chanteuse et guitariste américaine Natalia M. King fulminait d’insatisfaction face aux injustices de ce monde en bouillonnement constant. Aujourd’hui, elle cherche dans une boulimie de créativité assumée un équilibre spirituel et artistique salvateur. Afroblues, son dernier album, reflète précisément cette quête de liberté qui l’anime depuis toujours. Sa voix soul rayonne sur des fulgurances électro-pop sans altérer la source africaine de son identité première. C’est lors d’un périple au Botswana et en Afrique du Sud au printemps 2024 que l’idée de célébrer le continent originel a jailli dans l’esprit fertile de la New-Yorkaise. Toujours en quête de ses racines premières, Natalia M. King a cherché à déceler la sève de son inspiration en se confrontant au miroir de son âme noire. Elle a alors ressenti la force expressive d’un héritage patrimonial massif et la pureté de traditions ancestrales vierges de toutes exactions coloniales. Il fallait cependant inscrire cet environnement historique dans l’urgence du monde actuel. La modernité des cadences imprimées à ce disque surprenant épouse le rythme effréné de notre XXIè siècle. Ce n’est pas la première fois que Natalia M. King joue avec les contrastes. Déjà sur l’album Fury & Sound en 2003, notre trublionne s’était amusée à brouiller les pistes en affirmant sa singularité. Afroblues entre finalement dans la continuité conceptuelle d’une artiste guidée par ses défis personnels. Au-delà de la texture sonore de cette production audacieuse, le message est essentiel. Aucun titre n’est anodin dans ce nouveau répertoire. L’humeur afrobeat de Lady No en appelle à la figure tutélaire de la rébellion, l’illustre et regretté Fela Anikulapo Kuti. Everyday People, emprunté à Sly & The Family Stone, est un cri de ralliement à une époque où la division l’emporte sur l’unité et la bienveillance. Et ce ne sont là que quelques exemples de thèmes et propos pleinement assumés. «Être sage et rebelle n’est pas antinomique» semble clamer cette Africaine de cœur qui redessine continuellement les contours de son être en affinant son discours avec rigueur et acuité. Elle ose, elle interroge, elle séduit. Succomberez-vous à votre tour ? Écoutez donc «I love a woman» et laissez-vous charmer par cette voix pétrie de soul-music, de sincérité et d’authenticité. Natalia M. King est une femme libre et le revendique. ⇒ Facebook Natalia M. King.   Titres diffusés cette semaine : - « Lady No » par Natalia M. King extrait de Afroblues - « Grab a hold » par Natalia M. King extrait de Fury and Sound  - « Ethiopik Song » par Natalia M. King extrait de Afroblues - « I love a woman » par Natalia M. King extrait de Afroblues - « Everyday people » par Sly & The Family Stone extrait de Stand !
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À propos de L'Épopée des musiques noires

Blues, Gospel, Negro Spirituals, Jazz, Rhythm & Blues, Soul, Funk, Rap, Reggae, Rock’n’Roll… l’actualité de la musique fait rejaillir des instants d’histoire vécus par la communauté noire au fil des siècles. Des moments cruciaux qui ont déterminé la place du peuple noir dans notre inconscient collectif, une place prépondérante, essentielle, universelle ! Chaque semaine, L’épopée des musiques noires réhabilite l’une des formes d’expression les plus vibrantes et sincères du 20ème siècle : La Black Music !  À partir d’archives sonores, d’interviews d’artistes, de producteurs, de musicologues, Joe Farmer donne des couleurs aux musiques d’hier et d’aujourd’hui. Réalisation : Nathalie Laporte. *** Diffusions le samedi à 13h30 TU vers toutes cibles, à 21h30 sur RFI Afrique (Programme haoussa), le dimanche à 17h30 vers l'Afrique lusophone, à 18h30 vers Prague, à 21h30 TU vers toutes cibles. En heure de Paris (TU +1 en grille d'hiver).
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