La production d'œufs peine à suivre la hausse de la consommation
Le marché des œufs est sous tension, en Europe, mais aussi dans d'autres régions du monde. Le prix des œufs est tiré par une consommation très dynamique et la difficulté des producteurs à répondre à la demande. La consommation ne cesse de croître en France, en Europe, et en Asie : +17 % en dix ans soit une moyenne de 192 œufs par an et par habitant. La Chine et l'Inde sont les deux moteurs de la demande mondiale. À court terme, la consommation d'œufs ne devrait pas faiblir, « tous les voyants sont au vert », résume Simon Fourdin directeur du pôle économie de l'Institut technique des filières avicole, cunicole et piscicole (Itavi). Résultat, la production mondiale ne suffit pas alors qu'elle augmente pourtant en moyenne de près de 2,8 % chaque année. La grippe aviaire, gros frein à la production Parmi les freins à la production, figure la grippe aviaire qui a fait un retour notable depuis 2022 et a touché aussi bien la France, les États-Unis que l'Espagne dernièrement : sur les dix premiers mois de l'année 2025, 90 millions de volailles ont été touchées dans le monde dont plus de la moitié aux États-Unis. En Europe, le rythme de production est affecté également par la fin progressive des élevages en cage au profit de systèmes alternatifs, comme les élevages de plein air par exemple. Cette transition prend du temps parce qu'elle nécessite de nouvelles installations. Boom des importations européennes Cette tension sur le marché européen a fait bondir les importations. En 2025, elles ont augmenté de 60 % pour combler le déficit, avec des situations très disparates selon les pays d'Europe. La France est presque à l'équilibre, mais le sera un peu moins l'année prochaine que cette année. Le principal fournisseur de l'Europe en œufs est l'Ukraine, avec 70 % de part de marché. Le pays a exporté cette année plus d'ovoproduits, ces œufs sous forme liquide ou en poudre, qui sont utilisés par les restaurateurs et les industriels. Ses ventes d'œuf coquille à l'Europe ont aussi augmenté, voire explosé. Elles ont été multipliées par quatre en l'espace de deux ans. Prix records Si l'on en croit la hausse des prix en Europe, les importations n'ont pas suffi à soulager le marché. À titre d'exemple, en France, « sur les 9 premiers mois de l'année 2025, sur du circuit généraliste et de l'œuf plein air – principal mode de production –, l'augmentation est de 4,6 % », selon les données de l'Itavi. Ce prix a augmenté de 18,4 % si on compare à janvier 2022. C'est une date charnière, car la guerre en Ukraine qui a débuté le mois suivant a entrainé une augmentation des matières premières agricoles, et donc de l'alimentation de la poule, qui fait l'œuf. Simon Fourdin rappelle que « 50 % du coût de production d'une volaille est dû à son alimentation ». Selon les pays, les hausses sont variables mais « la tendance est à l'augmentation des prix un peu partout », selon l'expert de l'Itavi. Cela devrait durer tant que la production n'arrivera pas à suivre l'appétit des nouveaux consommateurs qui voient dans l'œuf, une source de protéine économique et adaptée à de nombreux régimes alimentaires. « À court terme, des importations encore plus importantes seront probablement nécessaires pour répondre aux besoins du marché européen », selon Nicolas Pinchon, expert des marchés agricoles. À lire aussiEn Côte d’Ivoire, la production de la filière avicole est en hausse