LVMH, Gucci, Prada: le luxe touché par le ralentissement des achats touristiques
Le secteur du luxe traverse une période délicate. Ralentissement des ventes, chute des bénéfices, recul des achats touristiques : les géants comme Kering ou Prada sont touchés de plein fouet. Analyse d’un été difficile pour une industrie longtemps considérée comme à l’abri des crises. C’est un fait bien connu : le tourisme est vital pour le secteur du luxe. L’été représente une période stratégique, car les touristes étrangers, notamment les plus aisés, réalisent une grande partie de leurs achats à l’étranger. Que ce soit à Paris, Milan ou Tokyo, ils y recherchent à la fois une expérience authentique et un effet de change favorable pour éviter les taxes locales. En 2024, les ventes de produits de luxe avaient bondi grâce à un dollar fort – les Américains se ruant sur les boutiques européennes – tandis que les Chinois profitaient d’un yen historiquement faible pour faire leurs emplettes au Japon. Mais cette dynamique s’est inversée : le yen se redresse, le dollar faiblit. Résultat, le pouvoir d’achat touristique s’effondre, entraînant un net recul des ventes. À lire aussiL'industrie du luxe à un tournant de son histoire Les chiffres sont sans appel pour les grandes marques Le groupe Kering est l’exemple le plus marquant de cette tendance. Son bénéfice a plongé au premier semestre 2025, et ses ventes ont fortement reculé. Même constat chez Prada, dont les ventes ont chuté de 2 % sur la même période. Gucci, marque phare du groupe Kering, enregistre quant à elle une baisse de 26 % sur un an. Ce repli s’explique également par des causes plus structurelles. En dix ans, les prix ont considérablement augmenté, poussant même les consommateurs fortunés à se montrer plus regardants. Car oui, le client du luxe cherche aussi un bon rapport qualité-prix. Et sans avantage tarifaire à l’étranger, il n’y voit plus l’intérêt d’y faire ses achats. À lire aussiLe secteur du luxe, victime de la guerre commerciale de Donald Trump Des réponses face à une crise durable La conjoncture mondiale n’arrange rien. Instabilité économique, tensions géopolitiques, droits de douane américains sur les produits européens désormais portés à 15 %. Tout cela pèse lourdement sur les perspectives du secteur. L’imbroglio des négociations entre Bruxelles et Washington n’a fait que renforcer l’incertitude. Face à ces défis, les groupes réagissent. Chez Kering, un plan de relance est en cours avec notamment l’arrivée d’un nouveau directeur général – Luca de Meo, ancien patron de Renault – et un nouveau directeur artistique chez Gucci. Plus globalement, les maisons de luxe ont compris qu’elles ne pouvaient plus se reposer uniquement sur la puissance de leur logo ou les hausses de prix. L’heure est au renouveau : retravailler l’expérience client, réenchanter l’image de marque et surtout, recréer le désir d’achat afin que les clients sortent leurs cartes bancaires !