Prix du blé: la Russie donne toujours le ton
L'offre pléthorique de blé russe sur le marché a précipité la baisse des cours depuis le mois de juillet 2023. Mais la chute des prix est aujourd'hui freinée à cause d'un changement de la stratégie russe d'exportation. À la hausse ou à la baisse, les prix du blé sont guidés par la Russie depuis le début de la campagne 2023/24, c'est-à-dire depuis le mois de juillet 2023. Avec sa récolte qui s'annonce record, estimée à 85 millions de tonnes par l'USDA, le ministère américain de l'Agriculture, le pays a raflé la plupart des marchés du début de l'été, aux dépens des autres exportateurs européens et notamment la France. « Les exportations françaises ne se sont pas effondrées grâce au Maroc qui a acheté du blé français et grâce à la Chine qui a acheté de l'orge française », résume l'analyste Damien Vercambre, du cabinet Intercourtage.Le volume de blé russe exporté a exercé tout l'été une pression sur les prix, jusqu'à ce mois de septembre. Mais ce qui était valable encore la semaine dernière ne l'est plus totalement aujourd'hui : les prix remontent doucement, sous l'impulsion, encore une fois, de la Russie. Sans l'avoir annoncé publiquement, Moscou semble en effet avoir instauré un prix plancher à l'exportation, comme cela avait déjà été le cas au printemps 2023.La Russie fixe un prix minimum à l'exportationLors du dernier appel d'offre de l'Égypte la semaine dernière, les Russes ont tous à l'unisson proposé du blé à 270 dollars la tonne, hors transport. Résultat, l'Égypte a acheté deux bateaux de blé à la Roumanie. Une petite quantité, certes, mais qui a permis aux observateurs de confirmer l'existence d'un prix minimum à l'exportation pour le blé russe.Ce prix plancher rouvre la porte aux blés européens, qui deviennent plus compétitifs, mais « le marché n'est pas pour autant entré dans une dynamique de rebond très forte », tempère Gautier Le Molgat, directeur d’Argus Media France (Agritel).L'abondance de blé réguleRien ne dit en effet que la Russie va tenir cette règle de prix plancher pendant toute la durée de la campagne, car elle a aussi besoin de libérer ses capacités logistiques pour stocker la récolte qui est en cours. Et à 270 euros la tonne (FOB) elle risque d'avoir du mal à exporter les 49 millions de tonnes prévus, selon les estimations de l'USDA. Rien ne dit par ailleurs que cette mesure s'applique aussi aux ventes de gré à gré entre opérateurs privés, et pas seulement aux appels d'offre officiels.L'autre facteur qui ne plaide pas pour un rebond des prix plus important, c'est que le monde ne manque pas de blé. Et ce malgré les estimations à la baisse de la production mondiale, et notamment des récoltes canadiennes, australiennes et argentines, selon le dernier rapport de l’USDA, qui pointe aussi une baisse de la consommation et des importations mondiales.À lire aussiLe blé russe, un marché libre ou contrôlé?