Les télécommunications internationales représentent aujourd’hui un enjeu géopolitique de premier plan. La dématérialisation des échanges et des flux d’information masque en effet l’importance cruciale de réseaux sous-marins bien réels, et la potentielle vulnérabilité de ces réseaux. Pour Echo d’Histoire, l’historien des innovations Pascal Griset replace ces questions géostratégiques éminemment d’actualité dans une perspective historique. Entre Etats comme entre grandes compagnies, des rivalités se jouent, des alliances se nouent autour de la maîtrise de ces technologies qui reconfigurent en permanence le cours de nos sociétés. Président du Comité pour l’Histoire de l’INSERM, spécialiste d’histoire économique et technique, Pascal Griset est Professeur d’Histoire contemporaine à Sorbonne Université.

L’histoire de France est en débat. On en débat tout particulièrement les valeurs, autant que les traditions dont elles émanent. Une question demeure toutefois sous-jacente à la plupart de ces débats : celle de l’honneur. Pour Echo d’Histoire, l’historien Hervé Drévillon revient sur l’histoire de cette notion, et sur la place qu’elle occupe dans la culture française. En s’appuyant sur la figure historique et romanesque de d’Artagnan, Hervé Drévillon s’intéresse à deux aspects souvent fantasmés de la question de l’honneur : celle du duel, tel qu’il fut pratiqué de l’époque des mousquetaires jusqu’aux années 1970, et au sens accordé à l’honneur dans la société militaire française, depuis Louis XIV jusqu’à juin 1940… Ancien élève de Maurice Agulhon puis de Roger Chartier, Hervé Drévillon est professeur d’histoire moderne à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Il y a créé l’Institut des Etudes sur la Guerre et la Paix, et le master Expertise des conflits armés. Directeur de la Recherche au Service historique de la Défense jusqu’en 2020, Hervé Drévillon est en outre l’auteur de nombreux ouvrages d’histoire culturelle et militaire de la France de l’Ancien régime jusqu’au XIXe siècle, il a notamment codirigé le volume Guerres et armées napoléoniennes. Nouveaux regards (Nouveau Monde Editions).

Certains débats actuels sur l’histoire et la mémoire de l’esclavage tendent à électriser l’actualité. L’historienne Anne-Claire Faucquez compte bien les évoquer, mais non sans avoir, préalablement, éclairé ses tenants et ses aboutissants. C’est qu’il existe, en réalité, des histoires, souvent méconnues, de l’esclavage, en particulier aux Etats-Unis, dont elle est spécialiste, et plus encore de mémoires. Souvent diverses, toujours douloureuses, parfois concurrentes, ces mémoires pourraient elles aussi bénéficier de cet éclairage nouveau, de même que la conscience encore trop nébuleuse que l’on entretient autour de ce sujet hautement politique. Maîtresse de conférences en histoire et civilisation des Etats-Unis à l’université Paris VIII Vincennes – Saint-Denis, Anne-Claire Faucquez est spécialiste de l’esclavage et de la période post-esclavagiste aux Etats-Unis. Ses recherches portent sur l’espace colonial new-yorkais, sur les enjeux de classes et de races que l’esclavagisme y a soulevé historiquement. Elle s’intéresse en outre aux processus d’effacement et de retour des mémoires de l’esclavage dans les Etats du Nord et la place qu’ils occupent désormais dans l’espace public. Anne-Claire Faucquez est notamment l’auteur de De la Nouvelle-Néerlande à New-York, la naissance d’une société esclavagiste. 1624-1712 (Les Indes Savantes).

La prégnance des migrations en Méditerranée est moins nouvelle qu’on ne l’imagine souvent. C’est en ce sens que Stéphane Mourlane entreprend dans ce cycle de Géohistoire des migrations d’en examiner toute l’épaisseur historique. A travers une présentation générale, puis deux études de cas, consacrées respectivement à l’Italie et à Marseille, l’historien dresse un vaste panorama d’une histoire qui n’a de cesse de continuer d’agir au présent… Agrégé d’Histoire et ancien membre de l’Ecole française de Rome, Stéphane Mourlane est maître de conférences en histoire contemporaine à Aix-Marseille Université et à Sciences Po Paris. Après avoir étudié le cas de villes comme Nice dans Nice cosmopolite 1860-1980 (2010, Autrement) et Marseille avec Empreintes italiennes. Marseille et sa région (2014, Lieux dits), ce spécialiste de l’histoire des migrations italiennes a dirigé en 2019 l’Atlas de l’Italie contemporaine (Autrement), et récemment co-dirigé l’Atlas des migrations en Méditerranée. De l’Antiquité à nos jours (Actes Sud).

La place des femmes dans l’Antiquité est réputée marginale. Du moins du point de vue politique… et historiographique. Toute l’originalité de l’approche de l’historienne Violaine Sebillotte Cuchet consiste à démontrer qu’en élargissant ses sources, l’écriture de l’histoire en est venue à relativiser cette marginalisation. C’est donc à une véritable réévaluation qu’elle nous convie, de la place des femmes dans les cités grecques antiques aux enjeux de sexualité et de désir, jusqu’à leurs résonances les plus contemporaines… Violaine Sebillotte Cuchet Vice-présidente de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Violaine Sebillotte Cuchet y est Professeure d’histoire grecque antique. Depuis 2014, elle y dirige le programme de recherche collaboratif Eurykleia, qui vise à documenter la place des femmes dans l’Antiquité. Avec le collectif Eurykleia, elle a publié de nombreux dossiers de revues. Violaine Sebillotte Cuchet a par ailleurs co-dirigé en 2007 avec Nathalie Ernoult Problèmes du genre en Grèce ancienne (Publications de la Sorbonne), puis, avec Sandra Boehringer, Hommes et femmes dans l’Antiquité. Le genre : méthode et documents (Armand Colin). La publication de son dernier ouvrage, Artémise d’Halicarnasse, capitaine de vaisseaux au Ve siècle avant J.-C., est attendue aux éditions Fayard pour 2022.